Athéna et les chatons, les siens et l’autre.

L’autre soir, entre chien et loup, qu’ouïs-je, qu’entends-je ?? Le petit miaulement caractéristique du chaton abandonné, affamé, désespéré. Je dis « petit » miaulement, en fait il s’agit d’un cri plutôt puissant pour un si petit machin, que seuls les coeurs les plus endurcis peuvent ignorer.  Depuis le dernier chaton, trouvé avec son sac amniotique, que j’ai essayé de sauver et qui a fini par s’éteindre, je dois avouer que j’ai beaucoup de doutes quant à ma capacité de remplacer la mère à un âge si tendre… Et puis je suis presque sûre que ce chaton est mort de déprivation sensorielle. Pas de ventre chaud pour se blottir à l’abri, et nul morceau de laine bien douce ne peut remplacer cela.  En plus, tout seul au monde. Alithia a eu beau le lécher et le materner, et moi la relayer de temps en temps, ce petit chaton n’avait aucune raison de survivre.

Me voilà sur le sentier du sauvetage. Un petit tigré braille sa peine, titubant sur les feuilles mortes en épaisse couche sous le caroubier du haut du champ. Ses yeux commencent à s’ouvrir, il a entre 5 et 10 jours. Et il semble en excellente santé. Mais l’autre aussi semblait en bonne santé. Je rentre lui préparer un biberon, et un petit carton confortablement pourvu, et je le laisse sous son caroubierdans l’espoir que la mère viendra s’en occuper.

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Petit détail : cette année, le meltem est dingue. Absolument non-stop, et constamment entre beaufort 6 et 7 (entre 40 et 60km/h), et c’est tuant, et quelque peu frustrant : la douce chaleur qui devient vite étouffante, les petites stratégies pour se rafraîchir (par exemple en vivant en symbiose avec un ventilateur ou aller en ville vêtue d’une chemise préalablement trempée puis essorée sur le dos), mais la mer plane, et si chaude, tout ça est impossible avec ce vent constant. D’ailleurs, je me demande si les années sans insectes ne correspondent pas à des années à fort meltem, hypothèse à vérifier. Le fait est que je n’ai plus trouvé  de la belle argiope lobée que deux fils entre les herbes, les épeires ont disparu et les cigales sont totalement silencieuses…

Donc je laisse le chaton rassasié dans son carton, sous le caroubier, mais dans le vent. Passe la nuit. Le matin, il est là, vivant, il dort,  il est seul. Je le nourris, il ne semble pas mal, par contre ces allers-retours entre la maison et le caroubier, ça va un temps, mais on se lasse. Donc je finis par le ramener, et je pose le carton dans le nid de luxe que j’ai fait pour Athéna et ses trois petits avec une immense maie doublée en zinc, remplie de couvertures bien douces, à l’ombre du tissu étendu sous le jasmin, avec une palette également couverte d’un tissu pour faire coupe-vent (ah, des multiples et merveilleux usages des palettes !) (mais ça devient rare et cher, dans cette Grèce explosée par la crise).

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Les petits d’Athéna sont malades, probablement le coryza (les yeux purulents, et l’un a le nez bouché et est très apathique). Cela n’est pas anodin de placer ce chaton abandonné mais sain à côté de chatons malades. Il va forcément tomber malade. C’était un dilemme : soit je le gardais à part, avec le risque de le voir s’éteindre de chagrin comme le précédent. Soit il fallait courir le risque de le voir tomber malade lui aussi, mais pas seul. A part ça, on ne peut pas dire que l’accueil d’Athéna ait été cordial : elle l’a beaucoup soufflé. Je dois dire que j’avais une autre raison d’hésiter à mettre ce carton dans le nid de luxe : ce chaton abandonné, c’est un peu le petit du coucou dans le nid de la mésange. Athéna est minuscule, ses petits, même un peu plus âgés que le petit abandonné sont également très petits, et c’est du boulot en plus pour elle, et du lait en moins pour les autres… Mais bon, j’étais prête à continuer le biberon, et ce maintien un peu à l’écart des autres, mais pas loin.

Pour les chatons d’Athéna, il faut les soigner, et vite. J’ai tout d’abord essayé le Synulox en poudre, qu’on dilue dans un petit flacon ad hoc, et qu’il faut utiliser dans la semaine. Je ne sais pas le goût que cela a pour des chatons, mais vu leurs réactions, dégueulasse ! Ils s’affolaient dès qu’il me voyaient approcher avec ma pipette, et les quelques gouttes forcées dans la bouche les faisaient miauler, baver et essayer de s’enfuir. Tout ça sous le regard accusateur et affolé de la mère ! Et le risque qu’en fait, à force de baver et de cracher, les chatons n’avalent pas la dose nécessaire pour les soigner. Il me restait du Synulox 50mg en cachets. Donc j’ai dilué un cachet dans 3ml d’eau, et en donnant à chacun 2X/j 0,5 ml, je pouvais tenter le coup. Et ouf ouf ouf, les cachets de Synulox dissous semblent avoir un goût moins ignoble au palais des chatons. En tout cas ils bavent moins, et essaient moins de s’enfuir. J’ai donc un petit espoir de les sauver, tout au moins d’un sauver un, le plus développé.

Et ce matin, un petit miracle était arrivé ! J’ai retrouvé tous les chatons, les quatre, dormant confortablement contre le ventre d’Athéna, et un peu plus tard le petit abandonné la tétant. Donc ce matin, ce fut Synulox pour tout le monde, le petit tout seul plus seul en préventif, et les autres, en croisant les doigts, en curatif. Je suis donc contente ce matin : le petit tout seul plus seul a trouvé une mère et des frères et soeurs.

Mais les mères chattes, quels drôles de types !!

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Bizule se propose pour le bouilli de chat. Je vais refuser sa gentille proposition : je suis hyper veggie !!

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Alithia et Sébastien…

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4 thoughts on “Athéna et les chatons, les siens et l’autre.

    • oups, pas sûr. mais deux des chatons d’athéna vont nettement mieux, et le petit tout seul plus seul est ok. mais quel soulagement de savoir que je suis pas mère chatte, et d’avoir laissé le taffe à la vraie !!!

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