Vieux Petit Nouveau.

Je l’aime, Petit Nouveau. Les habitués du blog le connaissent.  Il a une bonne bouille, joliment rayé gris clair et gris foncé, un poil bien angora, une petite oreille plus basse que l’autre. Et j’ai l’immense joie de constater qu’il a pris du poids, à la caresse je ne peux plus compter ses vertèbres ni me cogner la main à son coccyx. Ce que vous ne voyez pas, c’est qu’il est plein d’arthrite, il boite bas, se couche très rarement, peut-être à cause de ses douleurs de vieux pépé, a des positions très bizarres, assis comme un lapin, sur ses pattes arrière et les pattes avant posées sur le ventre, ou couché comme le sphinx d’Égypte, les pattes avant élégamment croisées, comme une anglaise en visite à l’heure du thé.

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La plupart du temps, il est juste assis, posé là où il est, comme une statue, ouvrant parfois les yeux, un peu penché. C’est un personnage.

Mais voilà, peut-être à cause de son grand âge, ou de son caractère têtu et son manque d’ « éducation »,  il me torture ! Il pisse là où il est, ou pas loin, et, mais heureusement beaucoup plus rarement (peut-être parce qu’il mange très peu), il chie également n’importe où. Par terre, sur un lit, dans l’écuelle (la grande écuelle confortable) d’Alithia…  Des cacas un peu mous et à l’odeur absolument méphitique. Quant aux pipis, son endroit préféré est sans aucun doute la cuisinière électrique. Comme les plaques sont un peu surélevées, il pisse sur la zone émaillée, et ensuite se réinstalle sur une plaque, en général la plus grande. Il est sur sa petite île, bien rangé, bien immobile, et je tempête en essuyant l’océan jaune autour de lui – tout en le caressant, attendrie par mon vieil énurétique.

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J’essaie de ruser : le soir, s’il semble installé pour la nuit, je le soulève doucement, pas trop le réveiller, et glisse une alèse entre lui et la couverture ou le tapis.

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J’essaie aussi de l’éduquer, et le pose régulièrement dans la caisse du couloir, à deux pas, facile pourtant, sur le sable archi-luxe bien nettoyé au préalable des déjections des autres chats. Mais le « tilt » n’a pas eu lieu.

Je me prépare (mentalement, nerveusement pourrais-je dire) à l’hiver, quand nous serons toutes et tous bloqués par la tempête… Car mon « refuge » ne prend sens que s’il peut abriter du vent, de la pluie et du froid des chats comme Petit Nouveau. Alors je l’aime, et des fois je le hais. Mais je l’aime quand même, à la fin.

Et un tout petit spicilège pour conclure…

ma Bizule :

2-P1390762un (tout) petit troupal de dindons chez les voisins en amont :

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Ce sont vraiment d’impressionnants oiseaux, très très grands. J’aimerais bien les voir en vol. Un ami sur l’île, poussé par la faim et donc l’extrême nécessité, s’est lancé dans l’élevage, pour la consommation familiale, de lapins et de poules (et, une fois, de canards). Pour manger des oeufs, mais aussi pour la viande. Comme c’est un garçon qui va au bout de ses idées, c’est lui qui les tue… (imaginez l’oeil réprobateur de la veggie de service). Il paraît que les lapins, c’est très facile, ils se mettent tout seuls dans la position adéquate, et c’est fait en un coup. Le coup du lapin, donc. Par contre, la poule, et bien pire, le canard, c’est beaucoup beaucoup plus sanglant, pénible, ardu, cruel.

Et comme je ne suis pas à une contradiction près, j’ai découvert dans mon nouveau pet-shop qu’ils vendent de la viande hachée de poule (« viande » constituée essentiellement de cous, ailes et os) à 0,90 euro le kilo* ! Quand la grande boîte de Mjau à 980gr coûte 2 euros !! Par conséquent, je me suis mise à la tambouille de viande (dans un grand fait-tout, à l’eau, avec du riz et parfois des haricots verts), et moi qui étais devenue très allergique à l’odeur de cadavres cuits (un peu comme les ex-fumeurs parfois détestent l’odeur de la fumée), j’en prépare deux ou trois fois par semaine, environnée par une bande de chats rendus hystériques par le fumet… (et bizarrement pas très fous de la nourriture elle-même – je suppose que la consistance du hachis de poulet avec riz ne leur est pas habituelle. Sauf Petit Nouveau, c’est bien la seule fois où je l’ai vu manger à pleine gueule, frénétique, et trois écuelles de suite).

Et pour finir, des petites fleurs qui couvrent les champs au printemps (car la météo actuelle est la même qu’au printemps : chaud la journée, frais la nuit et beaucoup de rosée – ensoleillement identique) et qui, aux petites heures du matin ou du soir, exhalent un parfum étonnant, enivrant, très similaire au parfum de l’ylang-ylang.

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* J’en ai parlé au nouveau vétérinaire, chez qui je vais parfois, histoire de « tester » ses compétences. Malheureusement, il est beaucoup trop cher, même si je lui sais gré d’avoir sauvé ma Lula – pour 235 euros. Lui désapprouve totalement cette viande hachée, soupçonnant qu’elle est très « contaminée » par toutes les saloperies inoculées justement dans le cou de ces malheureuses poules en batterie.  Et, bien sûr, il me recommande de ne nourrir les chats qu’aux croquettes – mais vous aurez deviné quelle marque, et à quel prix… J’ai beau lui expliquer que mes moyens m’obligent à ruser, il désapprouve. J’ai renoncé ce matin, pour la même raison, à y retourner pour faire débrider un abcès, Sébastien devra se contenter de rentabiliser au mieux les 2X50mg d’antirobe quotidien !

PS : et le soir même, à l’heure du coucher, lorsque, bien propre, sentant bon la lavande, le savon et le dentifrice, avec mon bouquin sous le bras, je me dirigeais vers mon lit, je sentis une noneur noneur particulièrement nauséabonde…

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Cet infâme Petit Nouveau, non content d’avoir compissé 3 couvertures, 2 draps de gaze, un coussin, une alèse et la cuisinière en cours de journée, me laisse cette merde à très exactement 2cm de l’alèse mise là exprès pour ça…

Et me voilà avec gants, papier ménage, baquet de flotte, encens, couverture de rechange en pleine nuit, alors que je me sentais si prête à lire et dormir entourée par mon habituelle cour (-verture chauffante) de chats. Salopiaud.

PPS : par contre, j’ai réussi à choper une femelle haret qui vient manger dedans, et à la porter pour stérilisation chez le « nouveau » véto (Panaghiotis, il s’appelle, et il a fait ses études à Bologne et donc parle italien – ouf !).  J’ai marchandé à mort (j’ai mangé 4 pommes hier, pour vous dire mon niveau d’économies !!), et il me le fait aujourd’hui, pour 40€ ! Yeah ! Une de moins.

16 thoughts on “Vieux Petit Nouveau.

    • oui, ce Petit Nouveau est un sacré pépère !!! bizarrement, absolument aucune interaction avec les autres, ni en bien ni en mal. et effectivement, je crains l’hiver, à tous points de vue. ah, si je pouvais le mettre en couche-culotte… ça serait peu digne mais tellement reposant.

  1. La seule bestiole que j’ai trucidée dans ma vie pour manger a été un coq. Un copain m’avait expliqué une technique permettant de le trucider aussi rapidement (et avec le moins de douleur possible) qu’un lapin, je ne rentrerai pas dans les détails ici, mais si ton copain est preneur de la technique, je t’explique ça en privé.

    • (c’est parfois comme de dire j’aime sur FB, difficile de dire oui merci) ça je suis sûre qu’il serait preneur, il a les boules en pensant qu’il va devoir s’y mettre, il ose même pas me raconter comment beaucoup c’est affreux ! note, je demande pas mieux qu’il n’en dise rien. il s’y prend probablement comme un manche, et plus il redoute, plus il est maladroit..
      allez, esssplique, et je lui transmettrai.

  2. Les vieux matous, on leur pardonne tout. Les jeunes aussi, d’ailleurs. Y compris les pipis intempestifs, et les odeurs terribles… On râle, on peste, on nettoie, on éponge, on ramasse, mais on les aime, ces monstres… !

    • l’essentiel de mon ameublement, c’est palettes, cageots, planches, avec des tissus dessus pour faire un peu joli et gai. et ce salopiaud pisse des litres ! bon, la lessive maintenant, ça va, ça passe, fait chaud et venteux, ça sèche. mais la même chose cet hiver quand il pleuvra des seaux en continu avec des beaufort 8/9… ;-(. l’autre nuit il a fait caca sur le lit à côté du mien, ça m’a réveillée bicoze l’odeur effroyable, et me voilà en pleine nuit avec un baquet de flotte à nettoyer l’alèse conchiée, à mettre une couverture de rechange (ce qui est fait n’est plus à faire), à rassurer tout le monde (non alithia, je ne vais pas jouer à la baballe maintenant dehors, non joli coeur je ne veux pas te caresser maintenant longuement le ventre, non lula, je ne veux pas t’arracher la tête et te sucer les entrailles…oui petit nouveau, c’est ça, réinstalle toi sur la couverture)…tu vois quoi !
      ..,

  3. « couché comme le sphinx d’Égypte »

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    Sur la 1ère photo, mais aussi sur la cuisinière, c’est exactement ça : le Sphinx et son énigme :

    « Quel est l’être qui marche sur quatre pattes au matin, sur deux à midi et sur trois le soir ? »

    ;-)

  4. Je vois qu’il a pris ses aises, le vieux « P’tit nouveau »… un peu trop… Ravie de savoir qu’il se remplume et très compatissante à ses problèmes de continence… il a peut-être eu un sale accident… Il est hélas trop vieux pour « tilter »… mais tu as raison d’être tolérante…
    Il faudrait prévoir un rouleau de « couches-culottes » à dérouler dans son coin de prédilection (mais visiblement il n’en a pas)…
    Moi je maudis ma Lupita qui m’a déjà destroyé l’accoudoir droit de mon canapé ;o((… je gueule quand elle se fait les griffes dessus mais visiblement, je ne l’impressionne pas du tout ;o). Je n’ai jamais eu d’autorité, elle le sait.

    • oui, je pense aussi que sa manière de se lâcher n’importe où est en relation avec ses difficultés de locomotion. cause directe ou indirecte. en tout cas ce chat, vu comme il est à la fois déglingué et bien vigousse, est devenu un des (nombreux) « personnages » de mon troupeau.
      pour lupita : tu devrais essayer une belle planche vermoulue roulée par les vagues. en tout cas les chats ici adorent se faire les griffes sur des vieux bouts de bois, planches et même troncs de fleur d’agave. tu peux aussi faire du bricolage destroy, genre clouer un bout de planche sur ton accoudoir ? pas d’autorité, mais c’est ça l’amour !

  5. les chats, c’est de drôles de mecs quand même… j’ai mis un fond d’huile d’olive (de la super belle de mon ex-époux, des montagnes au centre de la crète, miam miam) dans la poële à frire pour cuire des algues, le temps que j’égoutte celles-ci, il y avait 2 chats en train de lécher avec extase l’huile. j’en ai mis dans une écuelle, vérifier que les zautres sont aussi amateurs… et oui, ils aiment l’huile d’olive !!! les goûts des chats sont parfois carrément bizarres : je n’ai jamais pu, jamais jamais pu manger du melon, qu’il soit jaune ou orange, à côté de françois-joseph-von-paraboum, dit « evguéni simple » sans lui en donner au moins une tranche, voire deux. il était absolument dingue du melon. et comme moi aussi, on se faisait des orgies de melon, lui et moi, sous l’oeil consterné d’anaïs et de tchi-tao.

    • mais non, ça lui allait très bien ! mais c’est surtout son surnom qui lui collait à la peau : Evgueni Simple. c’est à lui que je dois ma plus énorme hilarité, cruelle mais absolument irrépressible. c’était un chat très craintif, terrorisé par Anaïs (ils ont vécu ensemble 18 ans, et pendant 18 ans elle l’a soufflé dès qu’elle le voyait), et par tout bruit, tout mouvement un peu brusques. il passait son temps à fuir. « Fuiiiiis zozef, fuiiiiiis zean-zosef ! », et c’est surtout lui qui avait l’air de penser qu’on voulait lui arracher la tête et lui sucer les entrailles.
      j’avais fixé une chatière dans la porte d’entrée, mais à la va-vite, pas vissée. et jean-joseph avait un léger embonpoint… un soir, je le surprends dans le couloir (disons, je débouche un peu vite dans le couloir et manque de bol, il y était), il se pique la panique du siècle, plonge papattes en avant dans la chatière, elle se bloque autour de la taille, il l’arrache du trou dans le panneau en bois et fonce dans le jardin, droit devant, avec la chatière en jupette, la petite porte battant sur sa tête, il a fini par plonger dans un buisson bien dense, dans lequel il est resté coincé, avec la chatière en tutu… juste le chat à qui il fallait pas que ça arrive. c’est pas pour dire, mais pour le convaincre de réutiliser la chatière, il m’a fallu une patience de vraie mémère à chats-craintifs.
      et alors qu’Anaïs l’avait torturé toute sa vie, il est mort de crise cardiaque 15 jours après elle.

  6. ça m’a bien fait rire , l’histoire de la chatière !! merci ! merci aussi pour tout ce que vous faites pour eux et bon courage !

    • c’est horrible, hein, de rire du malheur des chats ??? en fait, j’ai oublié un bout de son nom : c’était Jean-François-Joseph Von Paraboum. ah mais ! et merci pour votre lecture bienveillante et vos encouragements !

  7. Je revois, au lendemain de sa mort, les photos de Petit Nouveau et je suis vraiment très chagrinée… Pauvre matou énurétique… il était peut-être tout simplement paralysé de l’arrière… donc pas du tout en mesure de se retenir jusqu’au prochain tas de sable…
    Je pense ça maintenant en espérant qu’il n’a pas souffert du tout, justement à cause de son insensibilité… je sais qu’il est maintenant dans un bel endroit, en compagnie d’autres de tes préférés… et je pleure ;o(

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