F’murrr

Je viens de traverser une période difficile. Pas drôle. Vraiment beaucoup de chats disparus, une bonne douzaine en à peine 2 semaines, dont mon Loulou d’âmour. Epidémie d’un coryza tueur, et foudroyant. Ce coryza a maintenant tué tous les chats un peu déficients immunitairement, il y a une pause dans le malheur, mais je veille, il suffit qu’un chat revienne porteur de cette saloperie et on aurait une nouvelle épidémie. Dans la maison, 3 + 1 chatons et leurs mamans-chattes, j’y reviendrai. Pas mal de chats sous traitement (Irini, la nouvelle vétérinaire est vraiment compétente, modeste, et m’a sauvé 3 ou 4 chats). Grosse éclaircie côté solidarité : j’ai posté un petit message sur FB, pour raconter combien j’avais été fauchée pendant les fêtes de Pâques locales, 0,25€ en poche après avoir râclé les fonds de tiroir et les dessous de siège de bagnole, et 5€ en banque. Mon repas de Pâques, pendant qu’ailleurs on se gavait ? Une plaque de choc à 1,32€ et deux bouteilles de bière blanche grecque à 1,28€ la bouteille. Et vent de solidarité, j’ai reçu plein de dons, dons dont je vous remercie infiniment, toutes celles et tous ceux qui ont réagi au quart de tour et qui m’ont permis ce faisant de tirer quelques bords agréables sur ma barquette précaire… jusqu’à la prochaine fois ! Mais j’arrêterai là ma complainte, car même si la situation est précaire et angoissante, je n’ai pas envie de plomber plus que nécessaire (pour ma survie) votre dimanche.

Donc parlons F’MURRR ! (et pour qui l’ignore, pauvre malheureuse/eux, F’murr est le père d’une BD de génie, faites juste « F’murrr » en recherche internet et regardez les images)…

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Donc j’ai décidé de faire un abécédaire. Cela me prendra le temps qu’il faut, mais je vais commencer par A, comme pour tout abécédaire qui se respecte.

A

Abousimbelle : c’est le nom d’une des beurbis de F’murrr. Jacques Higelin, c’était un coup en vache, Milos Forman aussi, et aussi un des frères Taviani (Vittorio). Et qui sait encore qui qui ne me vient pas à l’esprit là, tout de suite. Mais F’murrr…

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Rarement des personnages de BD m’auront autant fait rire, et pas seulement, aussi nourri mon imaginaire bucolique et foutraque, tendance chaotique.

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Et puis ce trait laconique, ubuesque, ces phylactères en grappe, ces réparties déjantées.

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Ces brebis totalement dingues.

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Petit souvenir : on part avec mon compagnon faire de la grimpe à l’île de Skye, en Ecosse, en plein été, genre valeur sûre.

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Ben non, je n’ai jamais pu constater que le soleil existait également en Ecosse, particulièrement sur Skye, je n’ai aucune idée des paysages autrement que sous les nuages, voire sous la pluie.

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On dormait dans le fourgon aménagé, entre deux averses on partait à la recherche d’un bout de falaise pas trop détrempé, on s’équipait, tâtait la voie, et au bout de 10 glissades on renonçait et on allait se boire des verres dans les Bread and Breakfast douillets, enfoncés dans de confortables fauteuils, devant des feux de cheminée crépitants, un bouquin à la main, en attendant la bouffe du soir et le retour au fourgon pour dormir…

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Mon ami buvait des bières quasi noires dans des chopes monstrueuses, et moi je m’achevais au Tallisker, le whisky de Skye, délicieusement tourbeux et revigorant.

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Mais aussi en Ecosse, on rencontre les moutons pyrénéens de F’murrr. Le mouton écossais est frère du mouton f’murrro-pyrénéen.

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Les moutons grecs, à côté, ce sont de pauvres choses, le plus souvent entravées patte avant/patte arrière, parfois même les quatre pattes entravées deux à deux, à la laine tristounette, et qui grignotent une herbe sèche et quelques touffes de thym sous un soleil de plomb. Le mouton grec est un mouton malheureux.

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Par contre, le mouton écossais est avant tout libre : alors qu’ici, l’homme s’ingénie avec toute sa cruauté habituelle à restreindre les déplacements de ces bêtes (entraves, haies d’épineux, etc.), en Ecosse, la brebis  vit libre et partout l’homme est derrière des barrières, voire des grillages.

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Ce sont les maisons qui sont clôturées.

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J’ai même vu une bordure de capucines aux couleurs pétantes comme elles savent faire, seule note de franche gaité le long d’une maison grisâtre, dans ce paysage verdâtre sous un ciel blanchâtre, protégées par une double de couche de grillage à poule.

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Route faisant, le premier jour, je m’étonnais que les brebis soient couchées sur les routes, à nous laisser passer de mauvais gré, et pas à brouter dans les champs autour.

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Jusqu’au moment où, prise d’un besoin pressant de faire pipi, on s’est arrêtés et, chaussée de mes baskets, je suis descendue de la route sur le champ.

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Et là, SLURP, aussitôt la tourbe m’a avalé une basket, je me suis enfoncée jusqu’à mi-mollet, et j’ai fini par pisser sur la route, moi aussi.

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Donc un jour de ce séjour humide, nous sommes partis droit devant, dans une zone agréablement rocheuse et pleine de promesses de grimpe (inutile de préciser qu’une fois atteint un endroit grimpable, la pluie s’est mise à tomber).

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Il faut dire que, comme nous ne cherchions pas particulièrement la compagnie humaine, nous ne rencontrions absolument personne dans les coins où nous allions.

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Donc après un bon moment de promenade assez sportive, parmi les rochers, sans rencontrer personne, nous sommes tombés nez à museau sur une brebis.

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En fait, l’archétype de la brebis F’murresque.

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Elle nous a regardés avancer vraiment sans aucune aménité, toute seule de son espèce et très loin de tout, vêtue d’une toison qui lui descendait jusqu’aux sabots, mais pas n’importe quelle toison, une sorte de tignasse totalement verte, couverte de lichens et de mousses, qui lui faisait un camouflage tout à fait correct dans cet environnement (j’ai appris ensuite que pour finir, la toison non tondue tombe de son propre poids : c’était une énigme, on trouvait en marchant des toisons entières de mouton, mais sans cadavre).

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Et là, j’ai eu une illumination ! C’était une brebis de F’murrr qui avait pris le maquis, une sorte d’ermite brebis, pas commode, et qui avait décidé de vendre chèrement sa toison, voire sa peau.

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J’ai tonitrué de rire, dans ce paysage tellement peu riant, sous l’œil perplexe de mon compagnon qui ignorait tout de F’murrr et d’un génie des alpages transporté sur Skye. Impossible de lui expliquer qu’en fait nous étions des personnages de BD, la brebis, lui et moi.

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Il y a de saintes gens qui ont listé les noms des brebis de F’murrr; ça se trouve facilement sur Internet, il suffit de faire une recherche « noms brebis F’murrr ».  Selon les listes, il y en a au moins 200, ce dont je me réjouis, cela va me fournir un listing formidable, car les brebis de F’murrr, c’est aussi leurs noms (sans oublier THE bélier noir, Romuald). Et sur cette liste alphabétique, le 1er nom, c’est Abousimbelle.

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Donc je ne sais pas encore qui s’y collera, mais aux Chats de Syros, il faudra compter sur une Abousimbelle (ou un Abousimbel) – et ensuite il y aura un(e) Amabiel(le), puis un(e) Amnésie K.O. Rondesuie, etc. J’ai le temps, et j’ai le matosse !!! Bien sûr, quant à moi, je suis Athanase, et Alitheia Le Chien.

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(je vous raconte pas, le jour où j’arriverai au M, et donc au chat qui s’appellera MacHavenchnockbulltoch…)

Toutes ces images sont des instantanés de BD, des images piquées dans le cours des albums, une pauvre récolte sur Internet, et rien ne vaut le recours aux albums « en dur » et aux histoires délirantes que F’murrr nous a données.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Personnages_du_G%C3%A9nie_des_alpages

A la mémoire  de Myriam, Timothée et Mon Loulou d’Âmour, parmi les victimes de l’épidémie…

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26 thoughts on “F’murrr

  1. Merci de nous faire partager tes souvenirs, avec à l’appui les dessins de F’murr. Moi aussi, J’ai un faible pour le whisky, le bon. Et il faudra qu’un jour je le goûte en Écosse , en Irlande aussi, contrées qui m’attirent beaucoup et que je n’ai pas encore visitées.

    • merci christine ! c’est magique, l’écosse ! vraiment magique ! je ne connais pas tout, juste edimbourg, glasgow, skye et la route depuis l’angleterre pour y aller. mais j’étais totalement enchantée. par contre, pour la météo, il faut un gros moral…. la végétation, c’est essentiellement du vert et des fleurs violettes (épilobes, digitales, bruyères), c’est très bizarre. quant au tallisker, le whisky de skye est le plus tourbeux que je connaisse. et j’aime le whisky TRES tourbeux. j’aime les goûts forts aussi pour les vins, l’amarone en italie, par exemple.

  2. J’ai fait aussi Sky avec mon Toyota et 4 copines dans les années 65. Quelle aventure! On pouvait camper n’importe où et trouver même un litre de lait au pied de la tente le matin apporté par un autochtone. On troquait des bieres contre des langoustines avec des pecheurs… que de bons souvenirs!

    • quelle chance d’y être allée il y a si longtemps… et d’en avoir la tête pleine de beaux souvenirs. tu dessinais déjà ? (alors, tu les poses quand tes dessins, à propos ?)

  3. L écosse et l irlande me tentent aussi ! Je n y suis jamais allée! pour ma part c est pour l amour des vieilles pierres chateaux et toute l histoire de ces deux pays ! j ai une petite question ! pourquoi les pattes des moutons sont t elles entravées ? c est barbare ! Et merci pour les dessins de F’murr je ne connaissais pas ! Bon courage à toi !

    • oui, en tout cas deux par deux c’est vraiment très très barbare (c’est un voisin qui fait ça). je sais pas, j’entends des réponses qui me font penser que c’est plus une question d’habitude que de raison : moins ils bougent plus ils grossissent (les moutons sont tous pour la boucherie in fine), question de territorialité entre possesseurs de moutons, d’impossibilité de délimiter des zones (très peu à manger, les limites seraient monstrueuses, des collines enières), les zones maraîchères sont trop proches des zones à paturage, c’est de la pâture en stabulation « libre », pas de bergers pour les garder, donc on limite les conneries, etc.

  4. Chère Zozéphine,
    … Ben vous allez croire que je galège, mais je suis né un 19 juin… le jour de la Saint Romuald !! Et c’est par ce prénom – qui n’est pas le mien – que ma femme m’a toujours désigné.Quant à mon ange gardien – un adepte de F’murr… – il s’appelle Boodfiçaël !
    Question Whiskey (sans faute d’orthographe !) je suis plutôt fana de l’irlandais (Tullamore Dew) et pas vraiment fou du scotch, excepté peut-être « Ye Franciscan ».
    En tout état de cause, je vous ai envoyé un n’tit quet’chose tout à l’heure pour boire à ma santé !
    Et merci d’avance !
    A.M.

  5. En mémoire de tes petits disparus, ce poème de Maurice Carême, que j’aime beaucoup et qui fait partie d’un recueil cconsacré aux chats.

    La Mort de Youppi

    Âme glissante de mon chat
    Qui vient rôder dans le sentier
    A l’ombre rouge des rosiers,
    Que puis-je faire pour toi ?

    N’entendrais-tu pas la fauvette
    Très doucement te répéter
    Qu’au tendre paradis des bêtes
    Tes méfaits seront pardonnés ?

    Tu dormiras dans un panier
    Tressé de laine de nuages
    A côté du grand lévrier
    Dont tu craignais les bonds sauvages.

    Tu n’éprouveras plus qu’amour
    Pour les angelotes souris
    Qui te crieront : « Youppi, bonjour ! »
    Dans le bleu éternel des nuits.

    Tu joueras sur de hautes branches
    Transparentes de feux lunaires
    Dont les fruits ont meilleure chair
    Que blanc poulet de tes dimanches.

    Et la bonne Vierge Marie,
    Mettant les mains en gobelet,
    Te tendra l’ineffable lait
    De ses célestes bergeries.

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

    Mais son poème le plus connu est bien sûr celui-ci :

    Le Chat et Le Soleil

    Le chat ouvrit les yeux,
    Le soleil y entra.
    Le chat ferma les yeux,
    Le soleil y resta.

    Voilà pourquoi, le soir
    Quand le chat se réveille,
    J’aperçois dans le noir
    Deux morceaux de soleil.

    Bon j’ai conscience d’être HS par rapport aux moutons de F’Murr, j’espère que tu ne m’en voudras pas… :)

    • ce sont de charmants poèmes, merci beaucoup ulyssane.
      moi, je suis plutôt jim harrison :

      Sauf erreur de ma part, tout le monde semble revenir au point de départ, pour finir là-même où on a commencé. Notre chatte bien-aimée aujourd’hui est morte. Quand elle était petite, que je faisais mon zazen, elle aimait à venir prendre place sur ma tête.
      Je salue sa splendeur à côté de laquelle les temples et les églises ne sont que des trous de chiottes.

      Jim Harrison
      L’éclipse de lune de Davenport

      • C’est un autre style… On apprend les poèmes de Carême à l’école primaire et puis plus tard on lit (ou pas) Jim Harrison. La forme est différente mais le fond, dans le cas présent, est le même… ☺️

        • tiens, le voilà en anglais :
          If I’m not mistaken, everyone seems to go back
          to where they came from, ending up right
          where they began. Our beloved cat died today.
          She liked to sit on my head during zazen
          back when she was a child. I bow to her magnificence
          beside which all churches and temples are privy holes.

          After Ikkyu and Other Poems
          Jim Harrison

          c’est bête à dire, mais j’étais tellement désespérée à la mort de ma chatte anaïs il y a au moins 20 ans de ça (et ça me tire encore des larmes, faut pas que je pense à elle trop fort) que ce poème, découvert à ce moment-là, m’a aidée à tenir le coup. je sais pas pourquoi. j’avais appris par coeur, et je le disais comme un mantra, I bow to her magnificence beside which all churches and temples are privy holes.

          • Oui c’est le pouvoir des mots d’entrer parfois en résonance avec ceux qui les lisent.
            Juste pour clore ce HS que je suis confuse d’avoir initié (et que tu peux supprimer si tu le souhaites) je remarque que Jim Harisson a peut-être plagié Joachim Du Bellay dont on dit qu’il y a écrit le 1er texte de la littérature consacré à un chat.
            Je ne mets que le début car il est très loooooong :)

            Maintenant, le vivre me fâche ;
            Et afin, Magny, que tu saches
            Pourquoi je suis tant éperdu,
            Ce n’est pas pour avoir perdu
            Mes anneaux, mon argent, ma bourse…
            Et pourquoi est-ce doncques ?… Pour ce
            Que j’ai perdu depuis trois jours
            Mon bien, mon plaisir, mes amours.
            Et quoi ? O souvenance grève
            A peu que le coeur ne me crève
            Quand j’en parle, ou quand j’en écris
            C’est Belaud, mon petit chat gris,
            Belaud, qui fut, par aventure
            Le plus bel oeuvre que Nature
            Fit onc en matière de chats
            C’était Belaud la mort au rat,
            Belaud, dont la beauté fut telle.
            Qu’elle est digne d’être immortelle.

            Quelle est belle cette phrase : « Maintenant le vivre me fâche »

            • je crois pas que harrison ait jamais eu besoin ou envie ou idée de plagier qui que ce fût, fût-ce cet effectivement merveilleux poème de du bellay…

              oui, c’est un vers magnifique, quelque chose que nous ressentons si (trop) souvent face à la mort si (trop) souvent présente dans nos vies.

  6. « j’ai posté un petit message sur FB, pour raconter combien j’avais été fauchée pendant les fêtes de Pâques locales »

    ***********************
    !?!? et ceux qui, comme moi, ne sont pas sur FB (et pour longtemps) ils sentent le pâté ? La prochaine fois, n’oublie pas tes contacts hors FB steuplait.

    :-(

    A part ça c’est une bonne idée cet abécédaire. Déjà que tu as un don certain pour pseudonommer tes petits félins mais avec l’aide de F’Murr ça va booster l’bouzin !
    Il y en a un aussi qui est bon pour nommer ses personnages de façon très inventive, c’est Claude Ponti : « Okilélé, Oum-Platichotte, Oum Popotte, Pétronille, Parci et Parla, Anne Hiversère, Foulbazar, Schmélele… »

    ;-)

    • mais non tu pues pas le pâté !!
      mais tu fais bien assez, largement assez, fidèlement assez, généreusement assez, discrètement assez pour la bonne cause.

      oui, c’est très bien ces noms de conti (ahahaha, parci et parlà), merci pour le filon, mais je resterai quant à moi fidèle à f’murrr, parce que je le fais non pas par manque d’inspiration, mais par souvenir de lui et de ses intondables. parce que cet univers qu’il a créé, dans lequel j’aimais tellement me projeter, il ne reviendra pas, sinon au hasard d’un escarpement rocheux sur une île lointaine et relativement « hostile » bien que belle…

      ;-))))))))

  7. Et quand tu seras à M, avec MacHavenchnockbulltoch, n’oublie pas celui (ou celle) qui viendra juste après : « A tes souhaits »…

    Et sinon, j’ai trouvé ce site :

    http://www.genie-des-alpages.be/

    Et parmi les noms :

    Amnésie K.O. Rondesuie
    Boustrophédonne
    Chédusitanielle
    Grandéchelle & Petitéchelle

    etc…

    Je t »imagine en train de les appeler, tiens… :-))

    • ouiiiiiiiiiii, c’est vrai, « à tes souhaits », en plus c’est chouette comme nom, non ?
      j’ai déjà trouvé mon abousimbelle, mais ça méritera un post en soi.

  8. « Je me souviens de cette femme, un soir, qui pleurait… C’était chez des amis. On se donnait des nouvelles des enfants. Elle avait dit simplement : « Mon petit chat est mort ». Et elle s’était mise à pleurer… Et, dans un coin du salon, un monsieur avait dit à un autre en haussant les épaules: « Ce n’est qu’un chat, quand même !… »

    Ce n’est qu’un chat !… Mais c’est immense un chat, vous ne savez pas Monsieur ? C’est immense… Vous n’en avez pas, évidemment, et vous ignorez que l’on peut avoir, lorsqu’il s’en va à tout jamais, autant de chagrin que s’il s’agissait d’un enfant… Aux gens qui n’en ont pas, çà paraît sacrilège… Comment peut-on comparer, n’est-ce pas ?

    C’est parce que vous ne savez pas Monsieur.

    Vous ne savez pas la place que ça prend, un chat dans une vie – ces yeux d’or qui vous dédient un regard d’éternité, cette patte douce qui se pose sur votre main, ces mouvements qui sont la beauté et la grâce et dont chacun exprime une sensation , un sentiment, et cette tête ronde et dure qui se colle à votre tempe pour vous dire je t’aime aussi…

    Tout cela, Monsieur, vous ne le savez pas et quelque chose vous manque.

    Mais je ne sais pas si je dois vous plaindre ou vous envier… Parce que vous ne tremblez pas chaque fois qu’il tousse, ou éternue, ou n’a pas faim ; chaque fois qu’il s’est battu et que l’on cherche dans son poil,la trace des morsures et des griffes ; chaque fois qu’il rentre tard et que l’on ne sait pas si, dans la rue, un imbécile, qui roulait trop vite, ne la pas projeté contre un mur, désarticulé, brisé…

    Mais vous ne connaîtrez jamais non plus, c’est vrai, le bonheur d’un amour gratuit partagé. Parce que les chats, Monsieur, c’est tout le contraire de ce que certains racontent : c’est tendre, c’est bon, c’est fidèle, c’est lucide, c’est intelligent, c’est doux et ça vous dit des choses… Tant de choses !…

    Dors, ma petite Moune, dors… Tu sautais moins bien ces jours-ci… J’ai dit à ta maman : « Il saute moins bien… Il vieillit, peut être ?… Il a hésité dix fois avant de bondir sur le rebord de la fenêtre… »

    Je ne veux pas y penser. Il sera bien temps… Ce qui doit arriver un jour, c’est vrai pour tout lemonde. Mais ça ne nous console pas de le savoir…

    Alors j’aurais voulu la prendre dans mes bras, cette femme que je connaissais à peine, et qui pleurait, et j’aurais voulu lui dire :

    « Je vous comprends… Pleurez tant que vous voudrez, pleurez sans vous soucier des autres. Eux ne savent pas et moi si… »

    Philippe Ragueneau dans « Le chat Moune et ses copains ».

    http://www.chatsnoirs.com/pages/chat-noir/extrait-du-chat-moune-perdre-son-chat.html

    Que de peines, Sylvie.

  9. Les phrases qui précède le texte ci-dessus sont :

    « Je te regarde dormir, ma petite Moune, ma Toune, mon bonheur… Tu es contre moi, sur le lit, tout contre moi blotti, et quand je te caresse – doucement, très doucement pour ne pas te réveiller -, tu ronronnes dans ton sommeil parce que tu as reconnu le va-et-vient léger de mes doigts, dans ta fourrure…
    Comme je t’aime !… »

    C’est bien pour ça que nous sommes encore debout. Sans eux, il y aurait bien longtemps que je serais dans les grandes plaines …

  10. merci Zozefine, et aux ami e s de ces petits félins que nous aimons tant, pour ces poèmes, ces liens qui nous mènent vers d’autres bonheurs partagés. je suis très en retard dans mes lectures de mail et je ne prend pas le temps d’écrire. aujourd’hui, je le fais car je compatis pour ces vies parties au paradis des Chats, et en voyant ces jolies photos et l’Amour que vous portez à tous vos petits compagnons, je participerai un peu en juin. Pour le moment je vais partager auprès de mes contacts, car si le soleil est un peu plus présent en Grèce, la misère est présente aussi et les abandons aussi importante qu’en France. Zozefine vos témoignages sont emprunts d’émotion, de tendresse, d’humour et j’apprend beaucoup de choses intéressantes… o;) merci pour ce blog qui rend hommage à la beauté du Chat, aux anecdotes, à vos souvenirs. Vous êtes formidable

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