Mes oies, les Martinas

Je m’intéresse moi-même très peu. Donc pour écrire un truc sur mon infarctus et ses suites, je vais attendre… la suite. En fait, la suite c’est très bientôt. Donc je vous la fais ultra courte, et j’espère avoir l’énergie, l’envie, le temps et l’intérêt pour y revenir ensuite. Le 9 janvier passé, ce qui aurait pu n’être qu’une coronarographie s’est transformé en angioplastie : 2 coronaires en « souffrance », l’une bouchée à 100%, l’autre à 80%, la 3ème ok, je profite pour la remercier, je suppose que c’est grâce à elle que je dois de pouvoir écrire ces mots. Donc le 9 janvier, pose de 2 stents sur la coronaire bouchée à 100%, et promesse de me rappeler sous 3 semaines pour celle bouchée à 80% (qui aura droit elle aussi à 2 stents). Les semaines se sont transformées en mois, et pour finir, j’ai rendez-vous le 6 mars à 7 heures du matin à l’hôpital Onassis pour le deuxième et j’espère dernier épisode. Parallèlement, je prends 8 médicaments différents, dont 2 2Xj: je suis une vraie usine pharmaceutique, moi qui avais un si beau corps bien bio. De plus RSSS (régime sans sel strict), alors je me rabats sur le sel pour cardiaque (dégueu, acide, mais j’ai aucun courage de supprimer totalement le goût salé, surtout à cause de ce qui suit) et arrêt total de la clope, oui, ça c’est dur, je ne vapote même plus, et du coup j’ai arrêté aussi le café, parce que l’association café-clope, c’est comme le baiser avec moustache, on ne peut imaginer les dissocier.

Donc, si tout va bien, je vous en dirai plus, mieux, avec plein de détails (un peu écrémés par le temps qui passe : ne reste que ce qui importe) sur ce qu’est une hospitalisation en Grèce, d’un côté dans un hôpital tout à fait marginal, secondaire, local (mais absolument nécessaire, vital pour les insulaires) et d’un autre côté dans ce qui se fait de mieux en matière de chirurgie cardiaque en Grèce, mais probablement dans toute cette zone géographique (et ce n’est pas le même monde, même si je ne doute pas une seconde des compétences des toubibs dans l’un comme dans l’autre) – et où j’ai atterri grâce à un ami médecin très cher, Manolis, qui a un ami médecin qui a une épouse médecin, etc., bref, grâce à une chaîne de coups de chance et d’amitié du même ordre que la chance d’avoir reçu la visite amicale et inquiète de mon ami Mark le 9 décembre…Sans oublier l’accueil chez elle de Maria à Athènes et son pilotage à travers le dédale administratif hospitalier (car sans elle, je pense que j’y serais encore, à chercher où me présenter…Ah, l’art kafkaïen de la paperasse grecque).

Bref, j’y reviendrai, c’est sûr, surtout que j’ai quelques petites vidéos marrantes là dessus, et vous pourrez voir ce que je ne suis pas arrivée à regarder pendant l’angioplastie pour des raisons tout à fait indépendantes de la ma volonté mais pas de mon corps ;-) : la suite une prochaine fois quoi !!

L’hiver cycladique, cette année, est vraiment difficile à vivre. Alors je magnifie le moindre petit rayon de soleil qui passe sur la maison, et chaque petit moment de bonheur est une bouée à laquelle je m’accroche, pour ne pas déprimer, prise en tenailles entre l’infarctus et ses suites, en particulier sans UN jour de convalescence à juste me reposer, et le froid, la pluie, le vent et la grisaille.

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Si vous avez lu un post précédent, sur l’Ange du Bizarre, vous savez à quel point j’ai fini par aimer mes trois oies Martinas (Martina était l’oie cendrée préférée de Konrad Lorenz). A force de les observer pendant cette période d’amour (mais quelle idée !!! Toutes ces bêtes, félins et palmipèdes, en train de compter fleurette juste quand il fait le plus froid, le plus sinistre, le plus inconfortable !), j’ai compris qu’il y a un Martin parmi elles, le jars étant l’oie blanche qui a des dessous d’ailes un peu cendrés. Et c’est aussi le plus agressif en cette période (ce qu’il n’est pas du tout en temps normal, enfin, du moins avec moi ou avec les chats – il a toujours essayé de se faire Alitheia, c’est sa détestation à lui toute particulière : la chienne ne le voit pas, il arrive par derrière elle sans aucun bruit, avec son cou tendu, le bec prêt à lui exploser le dos, les ailes entrouvertes pour donner l’impression qu’il est énorme, et c’est vrai qu’il devient assez impressionnant).

L’été passé, sous la petite falaise, j’avais trouvé trois malheureux oeufs bien poussiéreux, desséchés par la chaleur implacable, et j’avais supposé que c’était une des oies qui les avait abandonnés là depuis des mois. Sans plus. J’avais perdu ma Pool-Pot bien aimée et donc sa production d’oeufs merveilleux et quotidiens, j’avais toujours entendu dire que les oeufs d’oie, c’était mauvais à manger, bref, aucun intérêt, et je n’y ai plus pensé.

A côté du poulailler à chats cet automne, j’ai un peu rafistolé ce qui devait être une niche à chien du temps où la famille de Fifis habitait là. J’y ai enfourné des feuillages bien sec, pensant faire de cette petite cabane en prévision de l’hiver un autre abri au sec et hors vent pour les chats. Début du mois, de nuit, ô surprise, j’y vois une oie. Bon, je les avais vues assez souvent posées devant la niche, mais là, il y en avait une vraiment dedans, et l’air plutôt bien installé ! Je ne me suis pas approchée, de peur de la déranger.

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Le lendemain, ce n’était plus une des 2 oies blanches, mais l’oie grise

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J’étais désolée, la niche était un trop petit abri pour les trois à la fois. J’ai attendu que l’oie grise parte rejoindre ses copines, et je me suis penchée, histoire de voir si je pouvais arranger les choses.

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Et là, surprise !

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Je n’osais pas trop farfouiller dans le nid, mais oui, il y avait DES oeufs ! Emotion, émotion totale. Donc je m’agenouille et je commence à mieux regarder, la tête cette fois dans la niche, je dégage la paille, là. encore plus grande surprise !

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Un lac d’oeufs… Avec précaution, j’en prends un dans la main : c’est monstrueux, énorme, lourd, dense, incroyable.

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L’oie blanche et la grise se succèdent sur les oeufs… Mais, première info (évidemment, je les ai « Google-isées », je n’y connais rien en oies) (à part qu’elles peuvent être des messagères de l’Au-Delà), ce ne sont pas de bonnes couveuses (beaucoup de gens confient aux poules le soin de couver les oeufs d’oie), et donc la blanche et la grise se succèdent, de jour et/ou de nuit, mais elles ne se relayent pas : de nombreuses heures, il n’y a personne sur les oeufs, et j’imagine qu’elles n’y vont que pour pondre et y rester un moment dans la foulée.

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J’ai laissé le nid en l’état, parce qu’à force de lire sur le Net que les oeufs d’oie, c’était pas terrible, et seulement pour la pâtisserie, et aussi parce que mon taux de cholestérol est très très mauvais, je n’ai pas cherché ni à les toucher, ni à en prendre. En plus, je ne sais pas s’ils étaient/sont ou non fécondés. Et je dois dire tout de suite que veggie ou non, il n’est pas question que je me retrouve non seulement Reine des Chats, mais aussi Reine des Oisons, et encore moins maman-oie comme Lorenz ! Cela faisait tout de même BEAUCOUP d’oeufs, et chaque jour un autre oeuf, parfois deux (je les avais tous marqués à la première trouvaille, il y en avait 23 !, donc c’était facile ensuite de voir s’il y en avait des frais) et au bout d’un certain temps, j’ai décidé de n’en laisser que 3 et de « faire quelque chose » des autres oeufs que je ne mangerais jamais, qui étaient de toute façon trop nombreux. J’ai pris un seau, et j’ai commencé à les sortir du nid, et cela a donné…

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Une 12aine d’oeufs de plus depuis le moment où je les avais découverts, c’était vraiment nécessaire de faire quelque chose (même si au fond de moi, j’ai toujours un DOUTE énorme quant à la nécessité-de-faire-quelque-chose plutôt que laisser les choses se faire toutes seules). Comme ces oeufs font entre 140 et 160gr, j’avais en tout cas pour plus de 5kg d’oeufs dans mon seau : Perrette avait mal choisi son commerce…

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Chatte minuscule ou oeuf du Mésozoïque ??

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Et puis quand même, c’est un péché, toute cette nourriture dont je ne « fais » rien. J’ai demandé à tout le monde autour de moi, « tu veux des oeufs d’oie, ils sont énormes, magnifiques », la seule personne vaguement curieuse, c’est mon ex-mari, sinon tout le monde me regarde avec un air un peu dégoûté – que j’avoue avoir eu moi aussi : très étrange réaction. Sorte de tabou sur ce qui ne se mange en général pas, et j’imagine qu’ailleurs, dans une autre culture, on m’aurait prise pour une folle furieuse d’avoir « résolu » mon problème d’oeufs d’oies pas frais en me voyant… les enfoncer respectueusement, avec soin, sous le feuillage d’un buisson de lentisque, au bout du champ du bas. Qu’ils sèchent maintenant, pourrissent, retournent à la terre, que sais-je, se momifient. J’en ai laissé 3 « frais » dans le nid, dûment marqués, et les suivants…

Eh bien, je les mange !!! Oui. Je me fais des plats sublimes de légumes revenus à la poêle avec UN oeuf d’oie brouillé dedans (je compte sur mon médicament anti-cholestérol pour compenser cet écart, si c’en est un) et je me régale. Faut dire, attention le jaune !! Il est au moins 2 fois plus gros que le jaune d’oeuf de poule, presque dur au toucher, très dense. Bizarrement, il semblerait qu’il y a à peu près la même quantité de blanc que pour l’oeuf de poule.

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Un mm d’épaisseur, la coquille, autant dire que pour casser l’oeuf, il faut y mettre une certaine force !

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Des koukia syriotes (des fèves fraîches, mon péché mignon, et le signe annonciateur et local du printemps bientôt), des oeufs de « mes » oies, le bonheur.

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Dans la poêle ci-dessous, un seul oeuf… Et pour l’instant rien d’autre, juste de la coriandre.

Après, je mélange avec les légumes déjà cuits, et c’est bon, reste plus qu’à saupoudrer le faux sel…

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Quelques photos des oies Martinas…

Ici, à l’endroit même du message de l’Au-Delà par la 4ème oie…

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Les oies blanches ont les yeux bleus (et un regard un peu cinglé, faut dire, un peu halluciné), tandis que l’oie grise a les yeux bruns (et le derrière de la tête un peu déplumé. d’où son look un peu bizarre)

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Bon, au revoir les oies Martinas (et Martin : c’est celui qui ferme la marche !!)

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Côté chats, quelques morts et disparitions, difficile d’y échapper. Sébastien est depuis quelques jours chez Irène, il a de vilaines croûtes sur la tête; Myrto ne prend pas un gramme et a toujours autant de mal à respirer. J’essaie sur elle l’EPP (2 gouttes 2Xj), malheureusement je n’ai trouvé qu’avec vitC, donc encore plus acide que sans, elle déteste, cela la fait baver, mais j’espère ainsi l’aider. La tumeur de Bizounours est dingue, chaque jour, je me dis que c’est la fin, mais il mange (même avec beaucoup de difficulté), il boit, il se balade, il continue à se comporter comme le mec super viril et territorial, il fait soigneusement sa toilette, bref, j’attends un signe pour décider de l’euthanasie : lui est pas prêt, et moi non plus.

Et puis P’tit Loustic s’est trouvé une copine avec laquelle il s’éclate :

 

2019-02-19

 

 

5 thoughts on “Mes oies, les Martinas

  1. Bonjour :-) Perso, je mange énormément d’oeufs mais je compense le « mauvais » cholestérol par des huiles riches en oméga 3 (lin, colza) qui favorisent la fabrication du « bon » cholestérol dont je prends 1 cuillère à soupe par jour, et tout va bien. Donc …

  2. Gaffe au jaune d’oeuf (géant) !!! Pas bon du tout pour le cholestérol ! Perso, depuis l’ablation de la vésicule biliaire, terminé, peux plus manger d’oeufs… mon foie se fait de la bile !!! Donc méfiance. N’abuse pas.

  3. Bon, cette fois c’est certain : entre ton infarctus, les oies, les œufs, les chats… il faut absolument que tu te mettes à la rédaction de ton roman !!! Tu as déjà de la matière dans tes dossiers, j’en suis sûr, il suffit donc de relire, d’élaguer/alléger, réécrire éventuellement… et de structurer tout ça, avec l’aide d’une possible équipe éditoriale. Non ? Allez ma reine, tu as le talent pour ça et puis tu es in-des-truc-tible !

    ****************
    A part ça, la 2e pose de stents repoussée au 6 mars c’est moche. Patience.

    Je t’envoie tout ce que je peux de tendresse et d’affection par la pensée pour te donner un peu de rab en courage, même si je sais que tu n’en manques pas !

    ET bravo pour l’omelette aux œufs d’oie ! miam miam !

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