Même l’hiver finit par finir…: les chats, les bêtes et divers 1/N

Après avoir montré des ciels et des plantes, revenons à la raison d’être de ce blog : les chats ! J’ai changé le chapeau du blog, et c’est désormais le beau regard de Giroflée qui nous accueillera.

Bien entendu, il ne sera pas question que de chats. Les Chats de Syros, du moins ceux de Chroussa, c’est un environnement, une ambiance, et pas seulement des chats. En cela, ce refuge est particulier : pas de boxes, pas de contrôle permanent, à la fois moins de sécurité mais plus de liberté – voire une liberté totale. C’est moi qui suis à disposition de ces chats (et de cette chienne, et de ces oies, etc.) pour une vie digne de ce nom, même si mon infarctus de décembre m’a (dé)montré à quel point ce frêle esquif est fragile. C’est un peu angoissant à penser, et il n’y a pas de solution. Je ne sais pas si c’est vraiment un proverbe tibétain, mais il est donné comme tel : si un problème a une solution, alors il est inutile de s’en inquiéter ; s’il n’en a pas, s’inquiéter n’y changera rien. Donc carpe diem, et hauts les coeurs !

Allez, des images commentées !

Nénette. Elle fait partie de ces chats que je photographie rarement. C’est une chatte discrète, rien à en dire de spécial, ni drôle, ni malade, ni particulièrement belle, ni caractérielle, elle vit sa vie, et m’utilise pour sa survie. Et c’est très exactement ce que je veux pour ces chats. Leur liberté, ce qui implique une certaine sécurité alimentaire, et la possibilité d’être abrités par mauvais temps et soignés lors de maladie (cela donne une idée de ce que je considère comme condition de possibilité de ce qu’on nomme la liberté). Mais cela tient également à ma manière de photographier : tout soudain, la lumière est bonne, je suis d’humeur, j’ai le temps, il y a quelques chats là autour qui sont de bons « clients », je mitraille – et comme les chats comme Nénette sont dans le fond assez rarement à la maison, du moins dès qu’il ne pleut plus (donc une bonne partie de l’année), je la portraiture rarement. Je reviens de la salle-de-bains, et, immobiles, vaguement somnolents, il y avait posés de ça de là Clotaire, Romuald,  Bibu, Patrocle (le frère de Myrto), et une petite sympa très speed et tigrée avec des mouchetures rousses (pas de nom, j’en ai une bonne demi-douzaine comme ça)… Mais photographier des chats juste posés comme ça, comme des potiches attendant la bouffe ? Non.

 

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Petite survivante d’une fratrie décimée par le coryza à la naissance, borgne, et désormais un peu moins sauvage à force de séductions diverses

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Mon tout beau Abousimbel. Il faut avouer que son ataxie cérébelleuse ne s’arrange pas, et certains moments, j’ai l’impression qu’il ne sait plus du tout marcher, même comme un homme saoûl, enfin, un chat. Il panique facilement, probablement parce qu’il sent qu’il est vulnérable. Mais je l’aime et j’admire comme il s’entête à faire tout ce qui lui passe par la tête.

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Belle Fotia. Elle vit dans le verger de Fifis, mais certaines périodes, elle dort à la maison et socialise un tout petit peu. Les chats ne sont pas des animaux sociaux. Certains supportent la cohabitation parce qu’ils y voient un intérêt (en particulier nourriture toujours à disposition), mais d’autres préfèrent nettement vivre seuls. Elle, elle fait mi-temps l’un et l’autre.

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La petite Azalée, le prototype de la chatte domestiquée (quand on est en contact, je n’ai aucun problème à la caresser, elle est très affectueuse) mais totalement, résolument, et été comme hiver, solitaire. A tel point que j’ai aménagé un PointBouffe sur la petite falaise pour lui faciliter sa vie d’ermite.

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Mon cher Bibu. Je trouve qu’il boit beaucoup ces temps, je n’aime pas ça. Lui aussi, c’est un chat solitaire, mais par contre il n’hésite pas à s’abriter ici quand il fait mauvais temps, et vient manger dedans sans problème.

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Mon très exquis Lauranne. Lui, je l’aime tendrement. Bien qu’angora, c’est un chat plutôt fin, léger, et il me salue en se mettant sur ses deux pattes arrière et en se tenant à mes épaules avec ses pattes avant. Et je le caresse bien longuement alors qu’il se frotte le museau contre le mien. Cette nuit, j’ai compris enfin où il dort : avec P’tit Loustic, ils sont couchés sur une valise tout en haut des étagères de la salle-de-bains. C’est bien le seul chat que P’tit Loustic tolère pendant ses gros dodos de chat sourd.

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Andromac, frère d’Amabielle et d’Abousimbel, fils de Tagada Tsoin Tsoin, et demi-frère de Lipopette. Chat sympa, beau, mais je ne suis pas sûre qu’il ait une santé de fer.

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Cette photo, je ne m’en lasse pas. Mais je l’avoue tout net, P’tit Loustic, c’est ma passion, j’adore littéralement ce chat. Il me fait marrer, ce con, il a vraiment la vis comica, complètement déjanté, et tout spastique qu’il est, il grimpe aux yuccas géants comme un dingue, arrive à en descendre en général en catastrophe, et rien ne lui fait peur. La seule chose qu’il ne fait pas, c’est monter les échelles, il est trop agité de spasmes.

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La très belle Tagada TsoinTsoin, que j’ai prise à un moment typique, juste après un de ses très nombreux miaulements.

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Métis, et elle aussi, comme Nénette, chatte discrète, gentille, pas caractérielle. Pas grand-chose à en dire, sinon qu’elle est plus souvent à la maison, donc plus souvent photographiée.

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Wouaouh ! Picoulet du doigt !! Je ne l’ai pas fait stériliser, et il est devenu un mastard musculeux roulant les mécaniques, par contre pas du tout agressif (c’est lui qui se fait plutôt agresser par les mâles même stérilisés de la maison, en particulier par P’tit Loustic), rarement là, mais c’est chaque fois un honneur d’avoir sa visite !

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Mon Monostou, mon nonosse tout mou, mon petit chéri si gentil. Ces temps bien malade, une méchante rhinite et, tout gentil qu’il est, comme il ne se laisse absolument pas soigner (par contre, les papouilles ça peut être des heures), je ne peux rien faire.

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Fétigre, qui, avec Férousse, est le fils de la Féroce. Mais lui pas féroce du tout. Très chouette chat. Il se pose sur ses fesses et on boxe tous les deux. Et sans les griffes, en plus. C’est le seul chat qui fait ça.

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Mon Zule (le frère de Zim), en position détente totale, dodo, m’embête pas, rhaaaaa qu’on est bien.

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Ce qu’était devenue la tumeur (ou le kyste) de Bizounours, qu’on voit ici roupillant avec sérénité. Je l’ai fait endormir quand il a commencé à avoir des problèmes pour manger. Ce fut tout doux, tout tranquille.

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Sa dernière photo. Je lui avais fait la piqûre de calmant, j’ai attendu qu’il s’endorme pour faire celle d’anesthésiant. Et je l’ai descendu chez Irène, la véto.

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Un autre disparu, presque en même temps. Mon adorable François : le matin il était peu bien, le soir il était mort. Je n’ai pas vu arriver cela. J’adorais ce chat tranquille, confortable. Et en plus c’est le seul être qui m’ait jamais sucé les doigts de pied, sisi !!! Et qui me faisait fête quand je revenais des courses, ou d’une absence un peu prolongée.

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Alitheia, toujours là, bienveillante et sage. Petit dodo sous la couverture, et elle prend toujours avec elle sur le lit un petit biscuit, au cas où elle aurait une petite fringale nocturne !

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PKC. Qui signifie « patte cassée » – on la voit dans sa position habituelle lorsqu’elle est assise, patte cassée repliée.

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La très jolie et charmante Lipopette !

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Et Abousimbel prêt à défendre vaillamment sa vie contre Rudi (qui s’en fout), le chien de Marinos, complètement abandonné à lui-même (je le nourris, enlève les tiques), ainsi que le cheval et une génisse. Aujourd’hui, j’ai osé demandé à Fifis mon proprio qu’il téléphone à Marinos pour lui secouer les puces, ses bêtes ne sont JAMAIS sorties dehors depuis le début de l’hiver, elles croupissent dans leur merde dans l’étable obscure, irrespirable, et je ne suis même pas sûre qu’il vienne tous les jours pour les nourrir. Cela me rend dingue, mais en même temps, je n’ose pas faire un scandale, je suis quand même la vieille follache étrangère avec ses 100 chats en bas du village, et dans ce pays, et dans un aussi petit microcosme, la loi pour les étrangers dans mon genre c’est la survie par le profil bas…

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Pour qui me connaît un peu, vous savez que je suis obsédée par Pan, en particulier sa mort narrée par Plutarque, le mystère de ce dieu présent dans ma vie, et ce que sa mort symbolise pour moi dans le monde actuel de la Grèce en déliquescence. C’est une histoire compliquée, ma route avec Pan, qui n’a rien à voir avec l’histoire mythologique du dieu. Un ami, Benoît, m’a fait l’immense plaisir de m’envoyer l’édition originale de ce livre aussi mystérieux que le personnage dont il (n’) est (pas) question.

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Spectacle fréquent sur notre île, les gens n’ont pas de fric pour se payer une voiture, et on croise bien souvent (et on se dépêche de dépasser quand on est derrière) toute une petite famille aguillée sur un papaki pétaradant. Et encore, là, un seul gamin, ils portent des casques et il n’y a pas une demi-douzaine de sacs de commission accrochés au guidon.

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Un encadrement en arc en parfait état dans une ruine à l’entrée de la ville. Probablement d’anciens bâtiments portuaires.

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Depuis le parking de mon supermarket habituel, la vue sur le port, les bateaux. Et surtout ce rocher planté là,  où les oiseaux adorent s’arrêter. Ici, les ailes ouvertes, c’est un jeune cormoran qui reçoit la becquée de sa mère à gauche. Mais une amie y a photographié une fois une grue.

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Mon vieux marchand de tout adoré, avec ses trucs en plastique, et tout ce qu’on peut imaginer pour la maison. Une immense caverne d’AliBaba, on y trouve de magnifiques casseroles en émail rouge, des couteaux qui coupent bien, des toiles cirées, de la vaisselle en veux-tu en voilà, des lirettes sympas, pffffff, la liste serait impossible à dresser.

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Un graffiti énigmatique ermoupolien – mais je suppose pas grec.

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Journée grisouille, je rentre à la maison, et là, dans mon virage en épingle à cheveux qu’on doit prendre en deux fois, même quand j’avais la Fiat500, je tombe sur une toute petite troupe d’hirondelles qui viennent à peine d’arriver de leur long voyage. Elles sont épuisées, sautillent par terre, effrayées par la voiture, elles se mettent un peu au bord en s’accrochant aux cailloux qui affleurent. Je ne suis pas sortie de la voiture, donc les photos sont médiocres. La seule autre fois où j’ai vécu cela, c’était en mars à Milos il y a quelques années. J’étais à pied, et de nouveau sur une route boueuse près d’une plage, j’étais tombée sur une troupe d’hirondelles, mais là une grosse troupe, plusieurs dizaines d’oiseaux épuisés, pépiant assez gaiment. Je m’étais arrêtée pour les regarder se remettre de leurs émotions et avais pris plein de photos – qui faisaient partie des milliers d’autres accumulées, avec leurs négatifs, dans un gros carton lors de mon déménagement de Poseidonia à Chroussa, et que j’avais oublié dehors… Une averse, et ne restait de 35 ans de photos d’un gros tas de gélatine irrécupérable.

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Contre quoi je n’arrive pas à lutter. Et ça ce ne sont QUE les limaces, il y a aussi des milliards d’escargots !

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Depuis l’assassinat de mon jars, l’ambiance est tout de même nettement plus détendue, et je caresse l’oie blanche (Martina Blanca) comme un chat ! Là, les 2 mémères ensemble. Ces jours, c’est surtout la grise qui couve (inutilement, inutile de préciser), et Martina Blanca qui se promène et vient se frotter à mes jambes…

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Mais j’aimais bien ce trio…

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Fèves fraîches + oeuf d’oie. Un Paradis gustatif (un peu interdit, pour l’oeuf)

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J’aime la morphologie bizarre de ces éphémères… Je n’en connais pas le nom, et j’ai un peu la flemme de chercher.

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Il y a des jours où je HAIS les chats

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Et pour finir ce chapitre 1/n, voilà un des deux chênes (Quercus cerris) de Syros (à ma connaissance). Il est somptueux, énorme, et c’est à droite en contrebas quand on va vers Papouri après le croisement Papouri – San Michalis.

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La suite au prochain numéro. J’espère avoir la niaque (parce que ces temps je suis un peu down moralement) d’écrire cette suite avant le mois prochain ;-)

A tout le monde : merci infiniment pour les dons réguliers, mais aussi bien sûr les dons isolés, les aides de toutes sortes, l’amitié, les commentaires. Désolée pour les gens qui suivent ce blog et ne vont pas sur FaceBook, où une page est consacrée au refuge et où je suis, je l’avoue, plus souvent présente qu’ici, pour des raisons de commodité, simplement parce que c’est « pratique ».

 

20 thoughts on “Même l’hiver finit par finir…: les chats, les bêtes et divers 1/N

  1. Oui, les photos sont très belles, certaines, exceptionnelles même. La lecture, un vrai plaisir. Je confirme le proverbe tibétain, souvent énoncé par les enseignants de la parole du Bouddha, tibétains eux-même. En tibétain, chat se dit « chimi » pour la petite histoire.

    • merci marie. par curiosité et aussi éventuellement pour nommer ainsi un chat, « chimi » se prononce comment ? tu le sais ? c’est rigolo, micio en italien (en quelque sorte l’inverse de chimi) c’est minou. et surtout michi, c’est chat en quetchua !!!

    • … Je vais essayer de prendre le temps de mettre les photos des chats et leurs comms dans l’album ad hoc !

    • j’ai du mal. je dois avouer que mon infarctus m’a bien secouée moralement. et je ne sais pas très bien comment le dire. et ne pas pouvoir le dire me bloque pas mal pour écrire autre chose. c’est idiot

      • Je l’ai peut-être déjà raconté. Quand j’étais à Curie, l’infirmière de nuit m’avait confié qu’elle aimait mieux être en cancérologie qu’en pneumo-cardio, où l’atmosphère est très anxiogène, disait -elle. Ca me paraît normal, ne pas arriver à respirer ou avoir le coeur qui bat la chamade puis s’arrête doit être très angoissant… Le coeur, c’est l’empereur en médecine chinoise… On n’a aucune emprise sur ce muscle s’il se met à déconner… J’imagine que, quand on prend conscience qu’il abat un travail dingue sans même qu’on y prête attention, et qu’il peut décider d’en avoir marre, d’affoler un peu son « porteur »… ça doit être assez affolant. Et plus on s’affole, plus il s’énerve, l’empereur…
        Sinon, dans l’immédiat, grosses dépenses bagnole avant contrôle technique… mais dès que je peux… je pense à Syros et sa Madamefoldingue de Chroussa ;)

        • ah tiens, c’est intéressant à savoir, cette ambiance anxiogène de la cardio-pneumo. et inattendu. merci pour ta manière de me formuler la chose, j’apprécie beaucoup. et hahaha, madamefoldingue, oui, je me sens assez comme ça ;-)
          je t’embrasse

  2. Outre les photos superbes ce qui me réjouit à chaque nouveau billet ce sont les noms de toute la tribu féline ! Je n’en cite que quelques-uns, pardon, mais ils valent tous le détour : « Bizounours, P’tit Loustic, Picoulet du doigt, Abousimbel, Monostou… sans oublier mes préférés Zule et Zim, bien entendu !

    Côté moral, je comprends très facilement que réchapper d’un infarctus puisse impacter durablement son mental mais il y a bien des raisons aussi qui autorisent à positiver. Exemple : l’un de mes nombreux cousins, aujourd’hui sexa, très actif et sportif (vélo), a fait un infarctus sévère il y a plus de 5 ans. Il se porte très bien aujourd’hui : il a repris le vélo et fait des sorties hebdomadaires de plusieurs dizaines de km. D’ailleurs, c’est sans aucun doute l’une des principales recommandations des cardiologues : ne pas rester inactif, bouger, sans excès, certes, mais bouger ! Et vivre !!!

    Des bises comme autant de bulles de tendre affection.

    J&J

  3. J’adore tes photos.

    Dans la basse-cour collective à laquelle je participe, il y a 2 cannes (des coureuses indiennes, effilées) dont une maligne et qui commence même à faire amitié, l’autre est un peu con et fort craintive. Elles sont craquantes. Quand je les entend quand je vais m’en occuper le lundi, je fonds. Elles savent, les poules aussi, que je leur apporte des salades et se ruent dessus.

    Il y a aussi une poule qui fait une grossesse nerveuse depuis des semaines. Elle reste à couver un oeuf et se laisse même caresser plutôt que de quitter son nid !

    • hahahaha, la poule qui fait une grossesse nerveuse. et oui, les canes craquantes!
      maintenant quand je donne leur laitue aux oies, simplement je lève bien haut la laitue, je l’agite comme un drapeau, et d’où quelles soient, les oies accourent en cacardant comme des dingues, les ailes ouvertes, le cou tendu. faut dire qu’il fait faim, pas un brin d’herbe en cette fin interminable d’été.

  4. Maïmou (oui, nom pris du grec et qui lui va comme un gant, à ce petit singe) et Finette sont comme Monostou, hyper affectueux mais cours toujours pour les soigner ! Maïmou me lacère et finette m’évite pendant des mois.

    Quant au proverbe thibétain, il me fait penser à « Il y a des jours avec et des jours sans. Et les jours sans, il faut faire avec ».

    J’adore aussi les noms que tu leur donnes.

    A bientôt. ;-)

    • oui oui, raconte moi encore des trucs !
      ton proverbe qui me semble plus cafetier que tibétain me fait beaucoup rire ;-)
      à bientôt itou

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