Un jour, elle était là. Avec sa tête de lionne persane, son regard sévère, son air un peu boudeur. Elle était et est restée peu amène avec ses compagnons chats, et Alithia a tout de suite compris qu’il fallait passer au large de son coup de patte. Sans griffe, la patte, mais tout de même. C’est pour cela que j’ai eu du mal à « crocher » avec elle. Moi, les chats agressifs avec les autres, j’ai du mal à gérer, ça rend les heures de repas un peu agitées, les nuits sur le lit de Maman-Chat secouées par des feulements soudains, surtout aux emplacements stratégiques, creux des jambes, sous le bras, sur la tête, à cheval sur la hanche…Elle faisait un peu le vide autour d’elle.
Et puis elle est arrivée déjà enceinte, pendant une période où je renâclais assez devant les stérilisations qui impliquaient un avortement pour avoir laissé passer pas mal de chatons, chose que je regrette dans cette longue période de vaches maigres : chatons d’hier c’est chats d’aujourd’hui à nourrir deux fois par jour, à soigner, et aussi à voir mourir. Mais bon, elle était là, enceinte, et je n’ai jamais refusé nourriture et abri aux chats dans le besoin. En plus, elle savait utiliser la chatière, et un chat qui sait comment ça marche n’hésite plus jamais à entrer – et rester.
Tout de même, c’était assez rigolo que parmi ces chats de gouttière il y ait une noblesse. Et puis elle était bien belle, et en excellente santé – ce qui me fait d’autant plus rager : elle n’a jamais été malade et j’ai dû la faire euthanasier non pas pour une FeLV, une FIP, les reins foutus, un truc « grave », mortel, ou horrible comme le cancer du museau (quand les chats ont ce cancer bien avancé, ils meurent de soif et de faim…) mais pour un cancer dans l’oreille interne.
Elle a accouché pratiquement le jour où je partais pour plus d’un mois de vadrouille sur le continent, et c’est Humphrey, mon garde-chats, qui a profité des premières semaines des quatre adorables bébés qu’elle a faits dans un carton de la grande pièce. Un motif d’hésitation à la stérilisation, c’est que les mères chattes sont magnifiques, admirables ; les regarder s’occuper de leurs petits est un plaisir sans égal (mais avec fin, au sevrage, toujours un peu brutal). Léa n’a pas démenti cela, et non seulement elle semblait fière de ces petits, mais elle n’a jamais été aussi belle : la maternité lui seyait indubitablement au poil et au moral. Elle a donc élevé les Bizounours Pur, Une Tache et Deux Taches, et Mouchet-Mouchet, mon bel amour, amour de chat tendre et gai, aux immenses oreilles, au poil angora roux foncé, tellement brillant, mort pendant que j’étais dans le Lot deux ans après.
Je soupçonnais Léa d’être une transfuge de la sublime maison à côté, le Ktima Kanne, d’où arrivent et où partent beaucoup de chats de cette zone… Jamais stérilisés, peu nourris, mais des milliers de caches, d’endroits où dormir, se protéger du mauvais temps, chasser. J’avais déjà repéré dans le terrain appartenant à cette propriété (plusieurs hectares, probablement la plus grande propriété de l’île) (avec même une entrée de métro ! voir ici : http://centrefortheaestheticrevolution.blogspot.gr/2007/08/maria-papadimitriou-and-pablo-leon-de.html) un monstrueux chat que j’avais pris d’abord pour un chien, un noir et blanc angora persan (quand je dis persan, c’est juste avec le museau plat, pas le long museau du chat égyptien quoi !) qui se baladait solitaire parmi les oliviers et les vignes. Voilà le contexte.
Un jour, disparaît un autre chéri, un autre de mes petits « mariris », mon Saint-Suaire, un angora roux et blanc, lui aussi un cœur tendre et adorant pour la vieille ourse, gentil avec tout le monde à quatre pattes, et qui semblait sourire tout le temps. C’était un des mes habituels compagnons la nuit, dans un autre quartier du lit que Léa, bien sûr. Il a disparu plusieurs mois, je l’ai cherché sans succès, mais je n’ai jamais, pas un jour, pensé qu’il était mort. Pourtant, le plus souvent quand un chat disparaît, quelque chose me sussure qu’il est mort. Agathe, récemment, et Gueule Tordue, et Bizounours Une Tache, je « sais » qu’ils sont morts, comme je sais que Lili ne l’est pas et va passer ici dans une, deux, voire trois semaines…Disons que je serais surprise qu’elle ne le fasse pas. Quelques mois après la disparition de Saint-Suaire, une inspiration me prend, et je ne comprends toujours pas pourquoi, alors que ce n’est pas « mon genre » d’aller comme ça chez des voisins, je suis partie directement au Ktima Kanne retrouver mon chat.
Je fais le tour de la maison, et me retrouve devant une sorte d’immense serre plein sud (au moins 70m2, 5-6 mètres de hauteur, vraiment grande !), au sol sublimement couvert de grands parefeuilles en terre cuite, meubles en rotins, mur du fond chaulé, évidemment un four en cette journée de soleil printanier. Sur un fauteuil, le persan géant, et, à l’autre bout de la pièce planqué sous un divan, mon Saint-Suaire. Qu’il semblait malheureux, solitaire, emprisonné ! Les propriétaires, ne venant que l’été, laissent au jardinier le soin de l’immense domaine (il y bosse du matin au soir et six jours sur sept), du chien à l’attache et des chats. Avec régime spécial pour les chats « précieux » : dans la serre, excellentes croquettes, caisse propre dans un angle, tout bien, mais enfermés dans ce monde de verre, de terre cuite et de rotin. Glacial l’hiver, brûlant l’été. Je me jette sur la porte, fermée. Je pars à la recherche du jardinier, et dans mon grec approximatif, je lui explique que ce chat blanc et roux, c’est MON chat et que je veux le récupérer. Il me dit que c’est la chatte du monstre noir et blanc, et qu’ils vont faire… des petits : j’écrase un rire dans l’oeuf, ça me semble bien mal barré ! Il a fallu qu’il téléphone en Autriche, qu’il explique au proprio que Saint-Suaire était un mâle pas abandonné, pour m’autoriser à récupérer ma bête. Pas eu besoin de le porter, il faisait de véritables bonds de joie, direction directissime la maison à 50 mètres…
Mais voilà, le ver de la culpabilité rongeait mon petit cœur : que va devenir le gros monstre N&B tout seul dans sa serre ? Je voulais bien croire qu’entre lui et Saint-Suaire, c’était pas l’amitié, mais quand même, il y avait un autre chat avec lui. Et là me vient une idée dont j’ai encore honte aujourd’hui. Je me dis que, puisque Léa fait la gueule, elle sera peut-être plus heureuse dans une demeure sublime, avec un chat du même genre qu’elle. Bon, pas de bébés en perspective, elle était déjà stérilisée, mais cela, je n’étais pas obligée de le dire. Et me voilà avec la chatte sous le bras, retournant à travers champ au Ktima Kanne, hélant le jardinier pour lui expliquer l’échange et pour qu’il ouvre la porte de la serre à la belle…Elle entre, s’assied devant la porte qu’on referme, je pars. Tel que. Je vous dis, ça me fait mal encore aujourd’hui !!! De retour à la maison, ça commence à me travailler sérieusement. Je me demande si elle est bien, si ça va, oui, non, oui, non. Et pour finir, après moultes tergiversations, n’y tenant plus, j’y retourne, juste pour guigner si elle s’est installée confortablement.
Et mon cœur explose de remords quand je l’aperçois : elle n’a pas bougé de l’endroit où je l’ai posée, depuis deux ? trois heures ?, juste là à la porte, elle est ramassée sur elle-même, on dirait la statue de sel du désespoir. Ni une ni deux, la porte n’étant pas fermée à clef, j’attrape Léa, je crie au jardinier que je me suis trompée, que je reprends la chatte, voilà, c’est comme ça, je ne lui laisse pas le temps de faire ouf, ciao. Et ma Léa s’est lovée dans mes bras, avec tendresse, moi lui murmurant pardon pour cette très très mauvaise action. On est rentrées juste à l’heure de l’apéro sur la petite falaise.
Et depuis lors, elle ne m’a plus jamais laissée hors de vue, et j’ai compris le message : elle m’avait vraiment, sincèrement, objectivement choisie, moi et pas une autre, mon lit et pas un autre, elle préférait la bouffe potable aux croquettes de luxe, le chaos d’ici à la beauté sans vie là-bas – et, mais à l’extrême rigueur seulement, la foule bigarrée et roturière des Chats de Syros à la noblesse du persan géant noir et blanc. Et si elle semblait faire la gueule, c’était la faute de son museau un peu renfrogné de persane, et de son regard de tigresse.
C’est terrible quand même : comme elle était très autonome, solitaire, pas amène avec les autres chats, c’est encore une fois une chatte que j’ai « loupée ». Bien sûr, je la caressais, on se parlait aimablement, mais j’ai beaucoup moins interagi avec elle que je n’aurais pu et dû faire. C’est seulement sur la fin…
La fin, elle dort :
Ne pas attendre la fin pour dire aux gens, aux bêtes, aux choses qu’on les aime !
Maintenant, ne restent que Bizounours Pur et Bizounours Deux Taches. Bizounours Une Tache a disparu à un an, le seul que je n’avais pas encore fait stériliser, Saint-Suaire a définitivement disparu en février 2013, mais là, je ne suis pas retournée au Ktima Kanne, Mouchet-Mouchet est mort d’une pneumonie il y a quelques années, et ma Léa est morte ce 29 juillet à 9h30 du matin.
Léa les a sevrés très brutalement, mes Bizounours et Mouchet, ils étaient tout malheureux, perdus. Et puis ils ont trouvé un « truc » : c’est Mouchet-Mouchet qui faisait la mère, et les trois Bizounours qui le tétaient. Ci-dessous, une séance de consolation collective !
A ma Léa, ma belle lionne au regard sévère
Et pour finir, une petite vidéo où je cause :
Il y a des chats comme ça, et j’ai remarqué que ce sont souvent des femelles, dont on a l’impression qu’ils « font la gueule ».
Ma Kikio est comme ça, et la petite Billie aussi. Elles ont un air renfrogné, envoient des coups de patte, mais au fond, c’est pour nous dire « Non , mais je t’aime toi, et si t’es pas contente, c’est pareil… »
Je ne crois pas que tu l’aies loupée, au contraire. La preuve.
en tout cas je l’ai aimée « pour finir », et beaucoup. mais je suis sûre que des papouilles ventrales en sus n’auraient pas été de trop !
bon courage ma belle et merde à la mort ! gros smack
ouais, merde à la mort ! et tout sauf hasta la muerte, si possible ;-). merci petit chaperon rouge !
Moi elle me fait penser à ma Pepette, endormie dans mes bras l’année dernière à 15 ans (tumeur langue) – je détestais sob sale caractère, mais je l’aimais quand même, et nous avons vécu heureuses ensemble…
C’est une belle histoire – t’inquiètes pas, je pense qu’elle avait trouvé sa place auprès de toi, n’aies pas de regrets maintenant, ce serait con… Bisous !!
en tout cas elle m’avait choisie plutôt que les bourges à côté ;-)). non, pas de regrets. simplement lili a retrouvé ce lien 2 ans après, comme un anniversaire, et j’ai eu du plaisir en fait à revoir ces photos. c’était une bien belle chatte, et caractérielle comme on les aime ! baisers, flo ! (bizule toujours dans sa routine, elle dort sur les pochettes glacées, carrément, mange pas mal, roupille un max, et la nuit disparaît pour reviendre avec la chaleur. pas grossi mais pas plus maigre ! et pour les 2 mecs sous ercefuryl, j’ai l’impression de voir un peu moins de diarrhées ou de petites pertes ici et là. un espoir !)
histoire très touchante……R.I.P Léa, j’espère pour toi Sylvie que tu trouveras un peu de réconfort, courage….
le blog a ça de bien d’être aussi un lieu où « construire » son chagrin, pour pas se laisser bouffer par ça. mais ma Léa me manque. Par exemple, elle adorait la gelée qu’il y a dans les boîtes de conserve pour chats, je la gardais toujours pour elle (mais bon, un peu aussi pour Loulou) : ben ça fait 2 jours que je me retrouve avec cette gelée, et que j’ai irrésistiblement envie de la lui mettre de côté. je comprends ces autels aux morts, où on leur offre des aliments…
En grec c’est plus doux (même avec des erreurs)… Είναι λυπηρό, αλλά έτσι είναι η ζωή … Τι κρίμα που η θεραπεία για Lea δεν βοήθησε. Οι γάτες είναι τόση αγάπη. Fuck σε θάνατο ! Mais tu as ces belles photos et les images (é)mouvantes ronronnantes de la belle Lea, toujours présente.
oui, je dirais pas que parcourir les photos et les vidéos fut un plaisir (pffffffffff, j’ai l’impression de me balader dans un cimetière), mais en les triant, je me suis dit encore une fois qu’elle était bien belle. et puis elle était unique. fuck se thanato, tu dis, hein ? ouais, je signe ! (ps : non, j’ai dit sur la vidéo que justement il me semble que la thérapie au gui qui ne prétendait pas « guérir » mais freiner a été au contraire efficace – mais il aurait fallu continuer, et suis mon regard ! mais merci infiniment de m’avoir permis pratiquement et financièrement d’avoir prolongé la vie de la Belle : toute la période avec a été une bonne période, elle est bien sortie, elle ne s’est pas gratté l’oreille, ça ne saignait pas, et ses yeux semblaient bien vifs et ouverts sur le monde !)
3 mouchoirs… je ne sais plus sur qui je pleure, Gazaouis, chats, moi … tout en sachant que ça ne sert à rien. Ta Léa était comme ma Chatila… pas aimable. Le véto m’avait dit que les persanes écaille de tortue étaient un peu caractérielles. Mais tous les chats ont quelque chose… J’avais décidé que je ne donnais plus à manger aux 2 mâles qui viennent, du coup, se battre dans la copro… et en voyant sa maigreur, j’ai craqué… Petit tigré a eu sa pitance… C’était avant de voir ton hommage à Léa. Elle était très belle ta Léa. Je suis soulagée d’apprendre qu’elle ne souffre plus. Car je suis lâche devant la souffrance des autres.
oh, écoute, les larmes ça sert à rien mais ça soulage. écrire aussi, faire la vidéo, je construis quelque chose pour elle, après l’avoir laissée sur sa petite terrasse (enfouie dans et recouverte par les lentisques… qu’elle retourne tranquillement à la Terre, la belle qui est passée). quant à tes chats affamés, moi j’ai pas pu ne pas voir et ne pas agir. mais dès le moment où tu amorces la pompe, il faut savoir que la prochaine étape, c’est les trapper et les faire stériliser. c’est le plus grand cadeau et la plus grande aide que tu puisses leur donner !
Adieu, petite Léa, tu vis en nous aussi, à présent, en moi…
Bisou Zoz
merci lili !! c’est que permet internet, à la fois la folie de cette chose et sa merveille ! elle aura été grâce à ta lecture, grâce à vos lectures, aux réactions, au simple fait de vous dire « quelle belle chatte », ou « que c’est triste » autre chose et beaucoup plus qu’un caillou lancé dans l’eau et vite effacé de la surface.
Léa, la belle est arrivée … et repartie :
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=pBDjOFALGhc]
tu te rappelles, je l’avais sur le CD dans la voiture ? et figure-toi que je n’ai PAS changé de CD… la-belle-est-arrivée, c’est la traduction de Néfertiti, et dieu qu’elle était belle ! merci pour le lien sur cette très belle chanson !
il ne faut pas être contre l’euthanasie.. la mort fait partie de la vie… maman décédée, d’une tumeur au cerveau, (grosse comme un oeuf de poule) me disait…Ne pleure pas mon AMOUR, ce n’est pas de mourir que j’ai peur, c’est de te laisser… elle a vécu 1 mois et demi, et puis elle m’a quittée… je n’aurais pu supporter sa douleur et j’ai prié Dieu (moi qui ne suis pas croyante qu’elle parte vite très vite..
La belle Léa est partie et elle n’a pas souffert… Les humains, OUI….. je vous embrasse – bon courage ANNE
merci anne-marie pour votre confiance et ce commentaire. c’est une question difficile, l’euthanasie, et ça indépendamment de toute question religieuse (je suis totalement athée). votre mère n’avait pas peur de mourir mais de votre chagrin après. c’est un truc, mourir, par lequel on passe toutes et tous, et c’est pas de gaité de coeur, et si on pouvait sauter son tour, la majeure partie d’entre nous le ferait volontiers. mais bon, quand il faut y aller, faut y aller. ou alors on y va volontiers parce que le prix qu’on paie pour vivre est beaucoup beaucoup trop élevé, par exemple parce qu’on est malade et qu’on souffre.
mais pour moi, dans mon petit monde tout petit, tout autre chose est de décider pour un autre être vivant que SA vie ne vaut plus la peine, parce que trop de souffrances, physiques ou morales. la vie, c’est la seule chose qui nous appartienne, et décider d’ôter la seule chose qu’il ait vraiment à un autre vivant, moi j’ai vraiment du mal. attention, je le fais hein, la preuve ! et je fais ça le mieux que je peux, le plus sereinement possible. mais ça me pose problème, au même titre d’ailleurs que les avortements que je fais subir aux chattes quand je les fais stériliser. la stérilisation ne me pose aucun problème, mais l’avortement qui va souvent avec (mes stérilisations de cette année m’ont évité 9 chatons… j’en aurais donc 18 actuellement !!) si, ça me pose problème.
Oh chère Madame Zozefine ! j’ai aimé tellement vous voir ! je ne vous avait jamais vue .. et en voyant toute la vídeo j’ai vu une femme formidable, une personne si vraie .. si transparante .. j’en suis vraiment très émue et aussi j’ai appris beaucoup sur les émotions, sur la vie, sur la mort, sur les chats nos amours .. je voudrais vous dire que je savais que quand un chat (et aussi un chien) se pose le front, la tête contre le mur, contre un coin de mur c’est qu’il a mal, c’est qu’il ressent de la douleur, j’ai aussi trouvé que les ron rons de Léa étaient de douleur, ce sont des ron rons un peu différents des ron rons de bien être .. Je me permet de vous embrasser avec beaucoup d’amitié, de bien loin de Rio de Janeiro au Brésil, je ressent comme si je vous connaissait depuis longtemps ! je vous souhaite tout le bonheur du monde auprès de vos protégés chats ! et je vous remercie de nous faire partager votre vie comme ça avec tant de vérité, avec tant d’amour !
ah, mon amie overseas, du lointain brésil ! quel plaisir de vous lire à nouveau. et quel gentil commentaire, merci.
oui, j’attends des signes, j’ai besoin de voir un signe me permettant l’impensable décision de faire tuer, parce qu’il faut appeler les choses par leur nom, ça simplifie la vie. mais je ne suis pas dupe de mes délires non plus, le signe, je le vois parce que je VEUX le voir. toutefois, quand même, du côté de la réalité, vous connaissez les chats, lorsqu’ils sont malades, ils s’efforcent de garder la tête haute, ils luttent, ils se protègent. c’est bien et il faut respecter cet effort. mais soudain, il y a comme une cassure dans leur comportement, par exemple le nez dans l’angle du mur, et c’est ça que je guette, parfois des jours et des jours. et quand je « vois » ce signe, alors j’ai la seringue, et je suis sereine.
comment vont les chats de rio ? et vous ? maintenant que les fans de foot sont enfin retournés chez eux ?
je vous embrasse de l’ellade surchauffée !
Ma Reine, je ne suis pas certain que ce soit la mort le plus horrible, surtout quand c’est une délivrance face à la souffrance due à une maladie, je pense que c’est la perte, le sentiment de la perte qui nourrit la douleur. En tout cas, pour moi qui suis très sensible à la disparition des êtres que j’aime, c’est toujours à ça que je dois faire face avant tout. Et un fort sentiment d’injustice aussi.
Léa est superbe. Il y a un gros matou qui lui ressemble beaucoup à l’EHPAD de ma belle-mère.
Des baisers, des baisers et encore des baisers.
mon zule, qu’elle était belle hein !? bien sûr que c’est le manque de l’autre, le vide laissé qui absorbent nos pensées comme la lumière dans un trou noir… et l’injustice je suis bien d’accord, et là c’est criant : c’est tellement con de mourir à cause d’une tumeur dans l’oreille, quand il y a tellement de maladies plus féroces, plus « graves », plus terrassantes.
mais bon, merde à la mort quand même, qui nous enlève tant d’êtres qu’il est bon de savoir exister quelque part en même temps que nous…
papouilles au double de léa de ma part (ils peuvent avoir des chats à l’EHPAD ?)
Madame Zozefine .. j’aime bien vous appeller comme ça .. mais je crois que votre nom est Sylvie ?enfim la ville de Rio reprend son ritme normal .. il y avait des millions de touristes pour la Coupe du Monde .. partout dans les rues on écoutait parler d’autres langues, on voyait avec curiosité d’autres coutûmes, d’autres habits .. rsrsrs … mais ce fut des jours très joyeux ! Mes 10 chats se portent bien tous, maintenant nous avons aussi recueilli une petite chienne trouvée dans un coin de rue .. à présent elle est déjà soignée, vacinée et en bonne santé, nous lui avons donné le non : Ochi ! comme il fait froid car nous sommes en hiver les chats dorment avec elle dans la cuisine.. sur elle plus exactement .. comme Ochi est bien jeune, je veux dire encore petite, elle fut acceptée par les chats .. ils sont tous bons amis. Au plaisir de vous lire et au grand plaisir de vous répondre en français .. rsrsrs … je vous embrasse avec amitiés, de Rio de Janeiro – Brésil
Hummmm … que serait une ellade ? l’ellade surchauffée ? oh les belles paroles qui existent dans la langue française .. bon, je rève sur ces mots : je vous embrasse de l’ellade surchaufée .. rsrsrs …
ΕΛΛΑΔΑ, ελλάδα, ellada, c’est la grèce en grec ! c’est un beau mot hein ? un mot solaire. une petite chienne qui s’appelle NON ! non au malheur, non à la peur, non aux sévices, non à la solitude…. et oui à tout le reste qui fait du bien et qui rend heureux !!! je vous embrasse renata, là-bas, à rio !!! (oui, je m’appelle sylvie)
Ma chère, très chère Sylvie, dans un premier temps, je rejoins les paroles de Renata, ci-dessus, moi aussi, je suis ravie de te voir, et en fait, je suis restée bouche bée, toute ouïe, figée par la beauté de tout : de toi, de tes attitudes, de tes paroles, de ta philosophie de la vie, de la grandeur de l’amour qui vibre en toi.
On te regarde, tout n’est qu’amour, on t’écoute, tout n’est qu’amour, et d’un seul coup on se dit que c’est une évidence, tu es une évidence… on regarde le ciel et on le salue d’avoir eu la chance de te croiser…
Il y a tant de poésie, de sensibilité, d’amour en toi… Et tout cela se reflète sur ton visage, si beau, il y a une unité, une cohérence entre ce que tu portes à l’intérieur de toi et ce que tu es physiquement…
J’aime tes petits silences maladroits, tes gestes intermédiaires un peu saccadés qui cachent l’émotion qui te submerge, j’aime ta douleur cachée dans les mots du quotidien, j’aime ton regard, la relation de toi à nous….
J’aime notre sacerdoce.
Je n’aime pas la mort, moi non plus… Je viens de perdre ma Plume… Je viens de le dire à la véto : « Je n’aime pas la mort, je suis définitivement pour la vie », c’est la raison pour laquelle il y a toujours eu beaucoup de bêtes chez moi, c’est la raison pour laquelle je les ai toujours considéré comme prioritaires par rapport à moi.
Je viens de perdre ma Plume, voilà ce que ça donne :
Ma Plume, mon amour,
Je viens de faire avec toi un dernier petit bout de route qui a duré une heure… C’est bien une heure à l’endroit où on était, c’est de la chance, mais je pense que, tu vois, c’était pas encore assez….
Je n’en aurai jamais assez de toi…
Alors, pendant cette heure, je t’ai tenue contre moi, coeur contre coeur, et souvent joue contre joue, ma bouche au creux de ton oreille… et je t’ai beaucoup beaucoup parlé…
Je t’ai dis et répété à quel point je t’aime et je t’ai raconté à quel point l’amour que nous nous portions était extraordinaire, hors du commun…
Je te disais toutes ces phrases d’amour, tout en te caressant et je les entrecoupais de bisous, énormément de bisous, parce que là où tu devais aller, tu en aurais certainement, mais pas les miens, mes bisous sur ta petite joue attendrissante, sur ton petit nez rose, dans le creux de ton oreille, tout un tas de variétés de bisous que tu aimes ; je voulais que tu gardes cette réserve pour plus tard, après le moment où on allait être séparées…
Je t’ai beaucoup parlé de notre famille, ton autre maman adorée, ma fille Océane, son ami Jimmy, qui vient de rentrer dans notre vie et que tu as déjà adopté, tu as une confiance si spontanée en l’être humain…., je t’ai parlé de ta soeur Diablesse avec qui tu te chamailles bien, mais qui est bien souvent ton modèle, je t’ai parlé de Loulou, ton neveu intrépide que tu adores et que tu n’hésites pas à laver encore un peu de temps en temps, en faisant semblant de ne pas voir qu’il n’est plus un bébé…. C’est bien toi, ça !
Tu t’es lovée tout contre moi, le regard assez vide, mais au frissonnement de ta petite oreille, je savais que tu m’entendais, au clignement bien à propos de tes yeux, je savais que tu me comprenais et à ta petite patte dans mon cou qui se repliait au bout de chaque phrase, je savais que tu approuvais mes paroles….
Mais tu étais si fatiguée;.. Tu as fini par t’endormir dans mes bras ; je suis restée figée, je t’ai écartée un peu de moi et je t’ai regardée dormir paisiblement, abandonnée à ma main, confiante, comme toujours confiante…
La dame en a profité pour passer me proposer de te faire dormir un peu plus, un peu comme si on allait t’opérer, alors, j’ai accepté, il le fallait bien, même si j’aurais voulu que le temps s’arrête là, à l’instant précis où tu étais abandonnée au creux de ma main…
Il n’y avait pas de choix possible, j’ai resserré notre étreinte et j’ai laissé faire, tu as ouvert à nouveau les yeux puis tu m’as regardée et je t’ai regardée, nous nagions dans nos regards, il n’y avait plus rien autour ni dame en blouse bleue ni cages ni chiens ni maladies de malheur, il n’y avait que nous, unies dans un même amour immense…
Tes yeux sont devenus vagues, comme une anesthésie a dit la dame…
J’ai attendu un peu, j’ai respiré très fort et… je t’ai donnée…
J’ai repris les gestes quotidiens, les formalités, comme un fantôme…
On m’a ramené le petit carton…
Je me suis dit qu’il n’avait rien à voir avec toi….
Toi, tu étais déjà partie sur la trace des étoiles, tu commençais le voyage pour rejoindre la nuit immense qui était encore loin, il y avait du chemin, il fallait s’y prendre très tôt….
Alors j’ai repris ma route et toute à l’heure, de ma fenêtre, je regarderai le ciel, tu dois certainement être arrivée.. on se fera un petit coucou….
C’était ce soir, de 18 h 15 à 19 h 15… Je ne l’exprime pas comme toi, mais ça se rejoint, non ?
Il faudra vraiment qu’on se rencontre ma Sylvie…
D’ici, je continuerai inlassablement à essayer de te trouver des solutions… J’y crois comme à un cierge au milieu d’une église….
en te lisant, je me rends compte à quel point je vis ça comme une vieille routinière de la chose, tu as réussi à dire ce que je n’arrive plus vraiment à dire, et tes mots m’ont permis de pleurer enfin sur la mort de Léa, ta peine est ma peine, et tu as exprimé avec tes mots sensibles et justes tout ce qu’on dit et pense et voit dans ces moments-là. merci brigitte.
je relis ton texte, vraiment très beau, merci encore brigitte.
Je n’y manquerai pas pour les papouilles au pépère de l’EHPAD ! Oui, non seulement l’équipe médicale accepte les animaux, surtout les chats, mais ils y sont très favorables car plusieurs pensionnaires se sont soudain comme « réveillés » au contact avec des chats que les visiteurs avaient amenés avec eux. Pépère, lui, appartient à un membre de l’encadrement (l’un des gardiens je pense) et il règne en promenant sa majestueuse fourrure rousse sur le jardin et le parc !
NB : Léa a provoqué un afflux de commentaires et de témoignages qui me touchent, sachant le réconfort moral et affectif que ça représente pour toi.
Bisous tendres de Zules le matou du 9-3
Quel bel hommage à Léa, petite chatte d’exception et d’amour.Elle sera toujours là, dans votre coeur.
Le temps effacera le chagrin mais pas les beaux souvenirs.Elle a eu une vie heureuse, qu’elle a choisie, avec vous.
La mort est une finalité horrible et quand il faut décider de la donner il faut beaucoup de courage.Les humains nous donnent des directives, les animaux nous font signe que c’est le moment. Mais est-ce bien sûr que c’est le moment, c’est parfois si subtil surtout avec les chats .
Vous avez su avec Léa, maintenant elle est libre dans l’infini de l’univers.
Moi aussi je dis » merde à la mort ».
Merci Sylvie pour ce blog qui sort de l’ordinaire , j’ai toujours beaucoup de plaisir à le lire même si je ne participe pas souvent.
Amicales pensées et bisous
merci doudou pour ce commentaire. je suis en train de visionner classer une partie de mes vidéos, j’en ai des tonnes juste chargées sur l’ordi !! et je tombe sur des vidéos avec Léa au milieu d’autres chats, se prenant le soleil, avec les chèvres en contre-bas dans le champ, avec lesquelles alithia essaie de jouer… c’est même pas vieux, avril…
moi aussi je vous embrasse, et merci pour votre lecture bienveillante
de tout coeur avec toi Sylvie, j’ai perdu mon Nours il y a 15 jours, il a fallu euthanasier et j’ai le même problème que toi. Non pas pour l’euthanasie en soi , mais à quel moment, quand faut-il y aller.
Je me suis tourmentée avec ça parce que je voyais qu’il était au bout et pourtant dans ses attitudes et son comportement il montrait combien il était vivant. Je l’ai emmené juste pour abréger la fin, il était déjà mourant. Il a attendu mon retour de clinique comme je le souhaitais, comme je lui avais demandé, il a abandonné le lendemain et j’étais ok avec ça. Les animaux ont une autre approche de la mort que nous, pour eux ce n’est rien, ils acceptent, c’est dans l’ordre des choses. Ils ne partent que lorsque leur compagnon humain est ok avec leur départ. Je n’ai pas de croyance particulière en matière religieuse, mais je pense sincèrement que la mort n’est pas une fin, mais un passage, pour tous les vivants.
Aujourd’hui je sais qu’il est bien où il est, il est venu me remercier de tout ce que j’avais fait pour lui.
Il me manque bien sûr, c’était un chat qui avait du caractère et du charisme.
Il ne faut pas trop pleurer, il ne faut pas culpabiliser, avoir des regrets et des remords de ne peut-être pas avoir su faire, ou d’avoir loupé quelque chose, ça les trouble là où ils sont. Pour eux tout ce qui a été fait a forcément été bien fait. Ils n’ont pas la notion de bien ou de mal, ce n’est qu’une notion humaine. Ils ont des ressentis agréables ou non, ça oui bien sûr. Il faut se remémorer continuellement l’amour qu’ils nous ont donné et l’amour qu’ils ont su éveiller en nous. Et ils sont vivants toujours, ailleurs, autrement.
et puis, tu sais, j’ai 4 chatons nouveaux, 2 petits matous roux et blanc,Loustic et Roudoudou 1 beige/rose et blanc comme ton Champi, tout pareil, c’est Pistache. Ce sont 3 chatons de Titeroukine du dehors. Je les ai récupérés ils avaient 6 semaines, ils en ont 13 maintenant. Et Titeroukine a été stérélisée depuis. Et hier j’ai trouvé une chatoune d’environ 3 mois dans un bois, lors d’une balade! C’est Cosette. La vie continue.
bisous
Sabine
merci sabine pour ce « dialogue » commenté autour de Léa. et bien sûr je partage une bonne partie de ce que tu as vécu et vis !
quatre chatons nouveaux !!! hmmmm, et au bel âge ! moi j’aime les chats petits mais aussi les très vieux chats sages. et à part loustic, roudoudou, pistache et cosette, tu vis avec combien de chats ??
avec les petits nouveaux ça m’en fait 11 à la maison, il y en a aussi dehors, mais je ne les compte pas, à part Titeroukine qui est là en permanence, les autres vont et viennent, et ce ne sont jamais les même d’une année à l’autre.
J’ai une collègue de travail qui a créé un refuge, elle a une cinquantaine de chats, 3 chiens, des chèvres, des chevaux…je ne sais pas comment elle arrive à gérer tout ça en plus de sont travail.
Je ne pourrais pas, déjà comme ça je trouve que ça devient difficile, mais bon, je les aime ces voyous.
Tu as beaucoup de courage toi aussi.
Sabine
ah ben dis donc, le refuge de ta collègue !!!!!!!!! vu le boulot que me demandent mes 100 chats et une chienne, moitié moins de chats, mais plus de chiens et des chèvres et des chevaux, là, je suis admirative !!! et pour décoller de chez elle, comment fait-elle ? jamais ou rarement je suppose. et oui, 11 chats, c’est encore possible de penser autre chose. moi, j’ai trouvé que ça a basculé vers 25-30 chats. à partir de là, faut commencer à penser stratégiquement pour les repas, les absences. et ça devient un peu (trop) un sacerdoce. et non point une sinécure ;-) ;-)
Oui, merde à la mort, on ne s’habitue jamais et c’est peut-être de pire en pire à chaque fois, animaux, humains, comment accepter cette suprême injustice ? Je regarde ta video et c’est moi qui pleure… Adieu Lea. Je t’embrasse fort.
Et aussi : attendre un signe. Il y a le moment où l’on SAIT. Rien d’irrationnel tout devient si clair, on voit et il y a son propre ressenti, l’instant précis où tout devient insupportable pour le chat comme pour soi. C’est à un vétérinaire qui m’avait appris que mon chien ne pouvait pas être guéri et qu’il faudrait l’euthanasier un jour, à qui j’avais demandé : Quand ? – Vous le saurez m’a-t-il répondu. Depuis, ce sentiment, cette intuition ne m’ont jamais quittée. Il faut savoir « lâcher ». Et c’est bien.
Ton post de 2014… j’avais oublié la mort de Lea, et je réponds stupidement en 2016. Comme je ne peux pas le faire, peux-tu retirer mes derniers commentaires ?
mais non, c’est bien comme ça. ça fait vraiment anniversaire. salut léa ! tu vois on pense à toi. merci feggari. merci pour ces commentaires