Parmi les chats-de-dedans, pas mal ont été recueillis bébés, voire nourrissons, en général seuls, malades, affamés et totalement perdus. Ce sont des chatons que j’ai sauvés de la mort, et pour ce faire, j’ai dû utiliser toute ma ruse et ma patience et mon obstination. Souvent survivants de portées massacrées, ou simplement mortes de maladie (le plus souvent coryza chronique de la mère et contractée au moment de la naissance), parfois juste là, tout seuls, simplement.
Teddy, Mélissa et Kéti, Primus et sa petite sœur, Schrimpette, trouvés sur la route ou dans la rue. Bizule, sauvée de son balcon mortel. Lili, dans un buisson. Houdini, perdu dans un jardin.
Primus, le plus noir, a survécu. Sa petite soeur est morte le lendemain de cette photo.
J’ai trouvé Teddy, Mélissa et Kéti un soir de juin, sur la route descendant chez moi, 15′ après mon débarquement sur Syros… Les trois sont encore là, et magnifiques.
J’ai raconté ailleurs comment j’ai sauvé Bizule d’une mort atroce, « cuite » sur le balcon surchauffé de la voisine, après avoir échappé à la noyade.
Le bébé d’Alithia, en fait. Trouvé dans un jardin, par un ami qui partait le jour même en vacances.
J’en passe. Et toujours avant le sevrage. Il me faut donc en général les nourrir au biberon, les soigner aux antibiotiques, essayer de sauver leurs yeux, les nettoyer, les maintenir au chaud, et les materner. Depuis l’arrivée d’Alithia, je dispose toutefois d’une excellente assistance maternelle, bien chaude, bien lécheuse et pas dégoûtée, très patiente et tout à fait attentionnée.
Je n’attends aucune reconnaissance, d’ailleurs je ne sais pas sous quelle forme elle pourrait se manifester. Ma récompense, c’est de voir ces chatons sortir du tunnel, commencer à se nourrir d’eux-mêmes, se nettoyer, sucer leur « pouce » et surtout se mettre à jouer. Jouer, c’est le signe certain que tout va mieux, tout va bien.
Mais voilà, une chose m’intrigue. Je ne dis pas que je m’en plains, au contraire, car, dans le fond, c’est l’objectif des « parents ». Arrivés à l’âge adulte, ces chats sont les plus autonomes. Très systématiquement, ils ne font pas partie de mes petits maris, comme Riri ou Saint-.Suaire, ils ne font pas partie de ma cour de « filletteu-fillettes » comme Loula ou Olympe. Ils ne sont pas sauvages, mais ce sont des chats qui, typiquement, disparaissent un ou deux jours, dorment seuls (pour avoir Bizule pour moi la nuit, je dois utiliser l’attrape-Bizule, c’est dire !), le plus souvent dehors, sont affectueux, mais pas « collants ». Ce sont pas des ronronneurs émérites comme Bizounours Pur ou Zozéfine, et même ce sont des non-ronronneurs pour la majorité d’entre eux. Et de manière générale, ce sont les chats qui, une fois adultes, ne sont pas les plus interactifs-aimables avec les autres chats. Souvent chaton unique à l’élevage, ils restent chat unique, et donc un peu solitaire, à l’âge adulte. Bref, les chats élevés par l’humaine que je suis sont nettement plus indépendants que les chats élevés en fratrie par leur mère.
La nuit passée, il faisait bien froid dehors, et j’ai dormi avec une dizaine de chats, les uns en auréole autour de la tête, certains dans les bras, et les autres dispersés sur la couverture. Heureusement pour eux, je dors en chien de fusil, et je ne bouge pas. Je profite de ces nuits, car bientôt, la chaleur sera telle que plus aucun chat ne restera de nuit dans la maison, et qu’ils ne s’y réfugieront que la journée.
Fichtre, ça me rappelle mon petit Linus… Trouvé sous les dalles du poste de commande du métro de Marseille, abandonné par sa maman… C’est une copine, alertée par les petits Miii… Miii… et qui bossait là bas, qui me l’a amené, un soir, avec du lait maternisé spécial bébés chats, et un petit biberon… Je l’ai nourri pendant deux mois, et j’étais obligée de l’envelopper dans une serviette pour pas qu’il arrache le biberon (et mes doigts avec) tellement il était goinfre, et avait envie de vivre… C’est pour cette raison que je l’ai appelé Linus, en souvenir du personnage éponyme des Peanuts, qui se baladait tout le temps en suçant son doudou…
Bref, le p’tit Linus faisait pipi quand je lui chatouillais le derrière, comme une vraie maman chat, mais il était très constipé. Le véto nous avait dit de le titiller avec un petit thermomètre pour nourrisson, et de rajouter un peu d’huile de paraffine dans son lait… Deux jours après, victoire, mon pitchounou faisait son premier caca… Champaaaaaagne !
Quand je l’ai sevré, j’ai flippé grave, lui non … :-)
Il y a quelques années, je l’ai trouvé mort devant la porte en rentrant de Cahors. Et ça a été un vrai crève-cœur…