Je ne sais pas par quel masochisme j’écoute la radio dès mon réveil. Le café clope amer. Juste l’impatience caressante des chats pour leur repas à venir, et la joie d’Alitheia à l’idée de faire sa petite balade du matin. Sinon, une sorte de remake IRL de la chanson de Stéphane Eicher, « Déjeuner en paix »…
Faute d’apporter la paix, au moins que ce post dessine une autre réalité possible (même si elle n’est pas facile : il me reste 21,30€ en tout et pour tout jusqu’à je ne sais pas quand).
Siga siga, avancer modestement…
Le verger de Fifis. Des dizaines de kilos de jolis citrons absolument bio…
Un figuier aux excellentes figues noires, au milieu des citronniers. Un peu déplumé, mais Fifis vient de le tailler pour qu’on puisse en cueillir les fruits (il partait à l’assaut du poteau électrique)
En arrière plan, un beau laurier-sauce
Beaucoup de pieds de vigne tout autour du verger
Entre autres, la taille des citronniers me fournit mon bois de chauffage
Fleurs de citronniers, de mandariniers, d’orangers, de bigaradiers… Merveilleuse odeur en faisant sa récolte dans le bourdonnement incessant des abeilles
Quelques citrons et oranges amères pour ma bouteille de boisson du jour (pour boire assez, je m’oblige à boire tout le contenu d’une bouteille de 1L5, au minimum. Sinon, je deviens comme ma grand-mère qui nous effrayait tellement elle ne buvait jamais !). Et un peu de romarin pour le repas du soir
Vous savez que la nourriture des dieux, selon Hésiode, c’était la mauve et l’asphodèle. Les asphodèles, je ne les cueille pas ni n’en déplante les énormes oignons. Par contre, les plantes de mauve (dont raffolent les vaches de Marinos) pullulent par ici. Et il faut s’en débarrasser avant qu’elles sèchent : elle deviennent monstrueuses, piquantes, accrocheuses, indéracinables, incoupables. Et moches. L’autre jour, j’étais de nouveau à court de légumes frais, et je me suis fait une jolie récolte de feuilles sommitales, pour voir (non sans en avoir goûté crues, pour vérifier que ce n’était pas amer car autant j’aime les boissons amères, autant je déteste l’amertume dans la nourrriture). Alors autant le dire : les épinards, à côté, c’est de la roupie de sansonnet ! Les feuilles de mauve sont absolument délicieuses. Elles restent cohérentes une fois cuites (je les fais suer et cuire très lentement à la poêle, avec de l’huile et un peu d’eau), restent charnues, et surtout le goût est vraiment magnifique, tendance (un peu) artichaut. La dèche noire a ceci de bien qu’elle oblige à ne rien jeter au cas où, à devenir très très créatif, et à trouver de quoi bouffer autour de soi.
Haricots rouges en boìte, pâtes, émincé de soja, feuilles de mauve. Sel, fenugrec en poudre, ail en poudre, et une tombée de vinaigre de pommes. Sublime plat végan.
Cela va sembler fou pour les septentrionaux (mais aussi à moi quand je songe aux années pré-sécheresse) mais les capucines commencent déjà à souffrir de la soif, et s’étiolent.
J’ai un peu jardiné : boutures de trèfle et de vigne (mon ami Mark du nord de l’île m’a donné quelques sarments d’un très bon raisin de table)
Boutures de géraniums à la couleur phosphorescente à force d’être fuchsia, et aussi boutures de grosses crémières sauvages repérées sur la route de la grande ville, car, étant adaptées au terrain, elles pourraient peut-être être encore en fleurs quand tout le reste est mort sous le soleil estival.
Bouture de chèvrefeuille, qui a tenu cet hiver et qui démarre tout fort maintenant. Par contre, il faudra que je sois très vigilante cet été, la plupart de mes boutures des années précédentes étant mortes de chaleur et de soif pendant la « belle » saison.
Et je me suis acheté, ô folie dépensière (5€ pièce), deux pieds de raisin de table, un blanc et un noir…
…qui pousseront de part et d’autre de ce pilier qui est sous la tonnelle : le très gros et très vieux jasmin est en train de défunter, et j’imagine que le remplacer par du raisin sera moins enivrant olfactivement, mais plus nourrissant.
Mon ami Mark du nord de l’île m’a aussi donné à ma dernière visite une bouture de sureau. Il y a quelques sureaux sur l’île, mais guère plus que deux ou trois, les conditions de vie étant difficiles pour cet arbuste. Je l’ai installé sous le filao, donc un peu ombagré l’été, et près du compost. Pour l’instant, il prospère. Il y a quelques arbres et arbustes qui me manquent. Dont celui-là. L’odeur des fleurs de sureau est une des belles choses de la vie (ainsi que celle des forsythias et des tulipes)
J’essaie de faire pousser de la coriandre, mais je continuerai à donner des graines à mon marchand de fruits et légumes, qui les fait pousser dans son potager, et m’en donne quelques bouquets en échange.
Comme j’avais depuis des lustres plein de sachets de graines d’ipomées variées, je les ai fait gonfler dans de l’eau puis les ai plantées, au cas où. Bingo, ça pousse. Donc j’ai installé des tueurs en roseau, aussi des squelettes boisés de sauges, et j’espère bien avoir un rideau de volubilis cet été pour abriter cette partie de la maison.
Par contre, avoir 100 chats, mis à part le fait qu’avoir un potager est mission impossible, c’est aussi 100 chats qui font caca un peu partout autour de la maison : je dois être la seule personne sur l’île à nettoyer ses semelles plusieurs fois par jour à grande eau et au savon !
En revenant du verger de Fifis, le champ du bas, la maison au fond
Des oliviers, des amandiers, des figuiers
Polybelle qui vit la plupart du temps dans cette zone agréable
Ce qui reste de l’énorme amandier mort qui m’a servi de combustible durant cet hiver si froid
Le millepertuis local (beaucoup plus petit, aux fleurs minuscules), dont je me réjouis de faire de l’huile (Marinos m’assure que le σπαθόλαδο / spatholado est comestible. Et comme j’adore cette odeur musquée… par contre, je me demande si elle n’est pas amère, ce qui pour moi serait rédhibitoire)
Il y a à peine une semaine, cette zone, couverte d’oxalis, était vert pomme, illuminée par les fleurs jaune citron. La sécheresse a déjà tout cramé
Fleurs d’olivier : une de mes curiosités, quand je suis arrivée en Grèce, était de goûter au miel d’olivier – même si le fait de n’en avoir jamais rencontré dans les marchés septentrionaux aurait dû m’alerter. En fait, la pollinisation de l’olivier ne se fait pas via les abeilles, mais via le vent.
Cette année, mon mimosa est vraiment splendide du côté sud, avec des grappes énormes, couvertes d’abeilles déchaînées !
Le côté nord est vraiment misérable. Par contre, il n’est pas impossible qu’il se mette à fleurir quand l’autre côté commencera à faner.
Teddy acrobate
Une malheureuse phalaenopsis qui croupissait dans la réserve obscure de mon marchand de bouffe-chats. Trop arrosée. Je l’ai récupérée, rempotée (mais seule une racine avait survécu à l’arrosage quotidien), et j’espère. Comme je n’ai pas de quoi lui acheter un engrais spécial orchidées, mon espoir est très modeste.
Des amis m’ont donné, il y a 2 ou 3 ans, un mimosa karroo (il y en a de très beaux à Anafiotika), qui, pour l’instant, me donne surtout de monstrueuses épines acérées. Mais au moins c’est un arbre où pourront, quand il sera grand, s’installer les oiseaux sans crainte des chats. Et les petites boules jaunes, si je me rappelle bien, ont un parfum divin.
Comment faire plaisir pour pas cher à des chats ? Super simple, leur proposer un carton !
Et puis ma caroubière continue à pousser, elle me fait de beaux démarrages. Par contre, les fruits n’ont absolument pas bougé depuis des mois, et commencent à tomber.
Le champ du haut, tout fleuri, et pas encore labouré pour le sorgho. Je m’y suis baladée l’autre jour avec Marinos, il m’a montré tout ce que je pouvais y récolter pour manger, on s’est promis d’y retourner avec papier crayon pour que j’écrive les noms de ces plantes + photos pour me rappeler
Zéfira, ma chatte au pelage écossais
Mes deux filles tricolore sombre : Myriam et Giroflée
La maison depuis le champ du haut : oasis en été !
Une piqûre de cortisone retard et une seule de baytril… Je suis contente. Et elle a dû comprendre que je ne lui voulais aucun mal, car pour la première fois depuis qu’elle est née là (2 ou 3 ans), elle se risque à rentrer et à venir manger dans la grande pièce… Par contre, toujours impossible de la toucher
Le regard très très caractéristique des chats sauvages, méfiants, qui vous regardent sans le faire…
Une autre, très sauvage également, mais un peu genre Féroce : elle dort sur mon lit, mange dedans, mais impossible à approcher non plus.
Quelques chats du dehors à la mangeoire dans l’entrée
Mon cher petit modèle adorable, la belle Athéna et ses bottines blanches
Maison côté sud, le côté « condamné » en été tellement il y fait chaud…. un escargot se dépêche avant l’arrivée du soleil
La maison côté nord, et je profite des beaux jours pour commencer mon nettoyage des couvertures en fleece et autres tissus gorgés de poils de chats, poussières, fumée de cheminée, odeurs de bêtes
La maison, en fin de journée… En été, je laisserai toute la journée la porte-volets fermée, sinon c’est 50° dedans…
Le si plaisant, joueur et adorable Paoulette
Giroflée, qui est en train de prendre ses quartiesr d’été (en gros, elle devient rare)
Une qui est plus que rare, mais toujours dans le coin (la plupart du temps, je n’en vois que la queue et les fesses, et encore, en courant), la borgne et belle Azalée
Gudrun sur mon bassin fait-main et Alitheia en train de pointer dans les géraniums, vers le compost
Le cheval de Marinos qui se balade tranquillou et vient boire dans les écuelles d’eau des chats
au grand dam de Zim et des autres
Pour dire, les hormones. Il suffit, je crois, d’un peu d’excitation sexuelle dans le coin pour que les vieux démons se réveillent : ici, François, stérilisé depuis au moins 6 ou 7 ans, qui monte sur Fétigre, qui est un obsédé sexuel qui se fait tout ce qui bouge à moustaches et griffes rétractiles. Je remarque que les élans sexuels sont TOUJOURS le fait des mâles, stérilisés ou non. Il n’y a que les femelles non stérilisées qui ont cycliquement des appétits – pas vraiment sensuels si j’en crois leurs feulements de douleur.
Le beau Teddy…
Gudrun, qui va chercher au compost des pelures de banane et les transporte telle la tigresse dans la jungle, sa proie encore saignante
Mais elle sait aussi faire potiche au petit matin
Une très belle chatte tricolore angora, qui passe parfois par là et que je ne vois guère autrement qu’à travers le plexiglas de ma chambre…
Vendredi de Pâques en orthodoxie. Silence de la campagne. Seules mes cloches à vent tintent un peu sous un vent léger.
« Seules mes cloches à vent tintent un peu sous un vent léger. » Et autour de moi toutes les églises sonnent le glas, jusqu’à ce soir. Eprouvant. Gudrun et ses bananes ! Et les mauves que je vais m’empresser de manger (je ne savais pas). Les capucines, très bonnes dans des salades…
Belle page vivante et qui serait totalement heureuse si…
bizarre. ici le glas c’était hier soir, probablement vers 17h. mais un glas orthodoxe. avec ces cloches un peu fêlées, au son pas vraiment net (peut-être sont elles voilées ?). et pas beaucoup de coups, juste une série assez lente, plusieurs fois répétées. sinistre mais très beau. pourtant j’ai deux églises juste en face. c’est ce soir que ce sera « pictural »… procession, glas, etc. vu les infos et la journée, j’avais envie d’essayer de parler d’autre chose. contente de voir que c’est un peu réussi ! ;-)
et les mauves, je t’en prie, précipite-toi, c’est vraiment incroyablement bon ! c’est con d’avoir découvert ça que maintenant, c’est la fin !
(gudrun et p’tit loustic : les deux qui me font rigoler bêtement, faute d’herbe du même nom)
Un petit cours de botanique sympa, agrémenté de belles photos. Et quelques anecdotes sur les minous et le cheval de Marinos . J’aime beaucoup Gudrun qui transporte ses pelures de bananes ( pour mon Coeurdelion ce sont les feuilles,en saison 12-15/ jour, maintenant 4-5…) et bien sûr les 2 photos de mon très beau Teddy ( comme il a bien grossi ! )
Tout cela semble idyllique mais il faudrait que les finances pour entretenir une grande famille chat suivent car il y a toujours des imprévus.Temps difficiles pour toutes les assos, hélas.
Joyeuses Pâques sous le soleil et les fleurs qui embaument.
salut doudou ! oh, mais il faut que les finances suivent même pour les prévus !!! la simple survie régulière et banale du repas quotidien est une gageure. mais ouf, quelques dons sont arrivés qui vont me permettre de payer mon loyer et de payer quelques dettes.
ton teddy, c’est devenu un vrai morfale quasiment grassouillet. et en plus, dès qu’il a un peu faim, il est comme ma mère, il est de très mauvaise humeur ! mais j’aime mieux ça.
il est chouette, le cheval de marinos… mon premier cheval à moins de 10m. je bouquine dans le champ du bas, il vient me suçoter les cheveux ou la manche, je lui fais crouitch crouitch sur le front, et il reste vers moi, à grignoter quelques herbettes. aucun problème avec les chats ou la chienne. il doit savoir que c’est un peu grâce à ma lourde insistance auprès de marinos qu’il est libre…
Déjeuner en Paix de Stephan Eicher écrite par Philippe Djian, je précise ;-)
Il y a des sous qui arrivent tu as dû voir, mais c’est férié jusqu’à quand chez toi ?
vi. tu aurais pu dire aussi né à münchenbuchsee (santé !). c’est ouvert demain, mais on sera samedi. et ensuite tunnel jusqu’à mardi. je suis retournée cueillir des feuilles de mauves, et aussi quelques jeunes feuilles de vigne… t’en fais pas, les chats et la chienne ont à manger…
Une chose que je dis fréquemment aussi en prenant mon petit déjeuner avec la radio pour interlocutrice… Rarement des choses agréables à entendre.
J’aime te lire Zozéfine. Ne manquent que les odeurs de certaines plantes que je ne connais pas.
Même avec ton mode de vie plutôt ascétique je te souhaite une bonne fête de Pâques.
merci colette ! j’aime qu’on aime me lire ;-)))))))))))))))))))
quelles plantes ne connais-tu pas ??
mon mode de vie ascétique, rho, disons plutôt simple, voire simplissime, est en parfait accord avec la journée du vendredi de pâques, qui est une journée un peu particulière. mais bon, certains jours, loin de pâques, j’aimerais bien m’éclater de temps en temps. encore que m’éclater, c’est faire un peu moins attention, et surtout, et principalement, envisager de partir de l’île quelques jours, faire quelques jours autre chose, autrement et ailleurs.
mais bon, il fait beau, chaud, il y a des hirondelles, on va vers l’été.
Ajoute quelques fleurs de capucines a ton plat vegetal. Et tout doux avec la mauve qui est laxative :-) jolies photos de printemps mediterraneen
berk, je déteste le goût des fleurs de capucines. quant à mon péristaltisme, il va très bien, je mange tous les jours des feuilles de mauve et franchement, je ne vois aucune différence avec avant ma découverte, je continue les mêmes bouses de vache végane dans la sciure de mes toilettes sèches comme d’hab’. aujourd’hui, j’ai ajouté les têtes de plante, les boutons floraux, et il paraît que les jolies graines, comme des bonnets, se mangent aussi. pardi, ce n’est plus le régime crétois, c’est carrément le régime dieux grecs. et puis c’est de la verdure gratosse, juste là autour de chez moi, j’adore le goût, la consistance, donc même si ça me foutait une riclette pas possible, j’en mangerais pas moins. mais merci pour tes conseils. ;-)