Autant le confinement était simple à vivre, pour la confinée professionnelle que je suis, autant cette période de post confinement est source d’inconfort mental. Et physique aussi, dans le fond, puisqu’il s’agit pour de vieilles peaux dans mon genre de continuer à se tenir éloignées, masquées, les mains obsessionnellement propres, à faire ses courses en retenant son souffle, enfin toute cette routine tellement peu naturelle, tellement peu aimable qu’induit ce risque de mort au moindre postillon. Se laver les mains après en avoir serré une, quelle tristesse…
Le dernier post datait de fin avril, et nous voilà début juin… Je ne suis toujours pas allée à Athènes faire diagnostiquer mon dos, je ne suis toujours pas allée chez le cardiologue faire une petite révision des 18 mois (à la louche) post infarctus, je n’ai pas fait radiographier ma cheville gauche probablement cassée en février et mal ressoudée, j’ai juste laissé passer le temps, plutôt toujours très fatiguée (j’ai parfois dormi 14h de suite), à pleurer des chats bien aimés morts, à me réjouir par contre de l’amabilité de tous les autres, et d’Alitheia et Roudi, et même des oies – ah ! leurs oeufs… Et puis Mark mon sauveur est venu plus d’une fois faire d’urgents petits travaux dans cette maison foutraque, Ghiorgos mon ex-mari m’a apporté de l’huile l’olive tellement dense qu’on peut y planter le couteau et des savons qu’il fait lui-même, mon garde-chats Humphrey a enfin eu besoin de moi, et je lui ai fait ses courses pendant le confinement (systématiquement pdt, courgettes, carottes, tomates, poivrons rouges, 1kg ou 1kg et demi chaque semaine, tout masqué et ganté il venait prendre dans la voiture son sac de légumes, il me laissait sa liste et un billet de 5 ou de 10€ pour la semaine suivante, sac dans lequel je laissais le ticket de caisse et sa monnaie, mais aussi un petit cadeau bouffe, genre petit pot de confiotte bio aux fraises, parce que franchement, sa simplicité me donnait quasi le tournis !). Sinon, FranceInfo Radio, et beaucoup, mais beaucoup de rézosocios, pour essayer de comprendre ce qui nous arrivait collectivement, et même mondialement. Une bien étrange torpeur, en fait. Un manque d’appétence à vivre. Pas une once d’envie de bricoler, créer, écrire, des semaines à retenir son souffle, en attendant que ça passe. Bref, un temps mort !
Et donc le post confinement, un moment où il me semble que, collectivement, des millions de gens se mettent à s’ébrouer, s’étirer, mais pour moi qui arrive comme un réveil pas très agréable, où tout fait mal, et surtout la peur cette fois que plus personne ne maîtrise plus rien. Où il FAUT faire attention, quand on est personne-à-risque, mais où on est tout seul à faire attention tout d’un coup. Où on sort avec son masque et son gel dans la grande ville où tout brille, tout luit, et surtout tout s’agite, en même temps c’est chouette, ça vit, c’est gai, et en même temps, faut faire gaffe, très, et pour un temps indéfini. Et dès maintenant, au fur et à mesure que l’été avancera, aux probables hordes de touristes qui auront bien compris qu’en Grèce, la covide a été confinée à un strict minimum, et donc que c’est un pays et en particulier des îles « vert pomme », sur l’échelle chromatique des contaminations.
Mais bref, voilà quelques (!) photos commentées qui chevauchent la période confinement et la suivante, qui coincide avec un drôle de printemps tout désordre, du froid, de la canicule, de la pluie, des brouillards, du vent, mais qui, en ce début de juin, est enfin arrivé à son point culminant ici : la tonnelle est blanche de jasmin et je n’arrive pas à inventer assez de prétextes pour rester dehors jusqu’à l’étourdissement olfactif !
Roudi et lantanas
Ma joie un peu maniaque de voir d’année en année mes capucines revenir (mais comprendra qui m’a vue en montagne obstinément planter des graines fin mai pour voir mourir les plantules, avec une ou deux fleurs chétives, en août dès le premier froid), et surtout se naturaliser…
…en particulier en bas de la petite falaise
Je parlais d’étourdissement olfactif, j’en remercie le jasmin tout blanc mais aussi les échinopsis, dont la floraison va dès à présent m’émerveiller le nez tout l’été…
Dans le genre pétulant, cette année la vague de coquelicots qui avançait en descendant la vallée, de champ en champ, a atteint la maison. Vu la circulation et le morcellement, rien de bien spectaculaire, mais quelques massifs éblou/réjouissants dans la lumière glauque du matin.
Pour qui a lu le post dans lequel je parlais de l’étrange datura protégée par le « squelette » de la plante de l’an dernier, de manière vraiment pas banale…
…parce que sinon, c’est comme ça que ça pousse !
Un matin…
Rarissime ici (contrairement à des îles comme Tinos) avec du brouillard, allez, soyons fous, des NUAGES accrochés aux collines en face. C’est très printanier, très agréable, plein d’odeurs diverses à cause de l’humidité…
Inutile de dire qu’il était comme d’hab’ dans ma chambre, un beau taille adulte, genre douche froide au réveil, ça réveille, et félicitation auto formulée et rétrospective de toujours toujours tenir compte de l’état d’excitation des chats autour de quelque chose qui les intrigue…
Elle a bien bossé depuis l’aube, l’épeire anguleuse
Un pépère très chouette, chat du dehors mais qui sait parfaitement se faire discret pour vivre dedans, borgne, des problèmes de dents donc une écuelle spéciale pour lui tous les jours avec de la boîte pas mélangée aux croquettes, qu’il vient manger à côté de moi en train de préparer le repas des fauves. Il dort la nuit dans un carton dedans, le jour, il reste dehors. Il ne cherche ni affection, ni attention, il est juste content de vivre tranquillou sa vie de chat… Je ne lui ai pas donné de nom, pourtant on se connaît depuis des années !
Toujours ce matin-là, Roudi et la toute petite et probablement très vieille rose malingre, devenue totalement aveugle.
Et des petits délurés, épuisés par un début de journée à faire les fous, Georges, Krasu, un noir angora pas encore nommé, et Bob ze Blob.
Toujours le matin, mes oies en train de se balader sur le champ du bas. J’ai lu très souvent qu’elles sont exclusivement végétariennes et en plus très très difficiles clientes. J’y reviendrai.
Des ciels, des nuages, le soir, le matin… Je ne peux pas m’empêcher de les mettre, même si je sais d’expérience qu’on regarde deux ou trois photos, et qu’ensuite on zappe parce que ça fait un peu Kougelhopf, burp… Pourtant c’était non seulement sublime, mais en plus comme un adieu, un dernier bouquet final : ensuite on entre dans la période bleue, le moindre nuage devient un événement, on espère qu’il passeraaaa passeraaaa, ah non, zut, il est pas passé devant le soleil, et donc ces lueurs, couleurs, fulgurances, et même cet incroyable arc en ciel, c’est là, maintenant et ensuite plus jamais pendant des mois…
Des chats…
Mon amour de P’tit Loustic
Colette : c’est la soeur de Bob ze Blob, de son frère rouquin (pas de nom), de la jeune maman grise (là aussi, j’y reviendrai, et plus d’une fois je pense !!) et de Buzette. Autant les quatre vivent ici, dans et autour de la maison, autant elle a pris le maquis dès toute petite et vit pratiquement dehors, dans le caroubier du bas. Elle ne vient qu’aux heures de repas, m’aime moi et QUE moi, et donc fuit tous les autres chats en soufflant éperdument et en poussant des ciclées qui doivent s’entendre de l’autre côté de la vallée… (c’est du romand, une phrase avec « ciclées » en contexte : « le bidagnolle s’est encoublé et s’est mis à pousser des ciclées du tonnerre »). Elle est très marrante, adore être papouillée ventralement, mais faut pas l’emmerder…
Petit dodo P’tit Loustic – Alitheia. En fait, j’ai fini par dormir comme eux, en mettant dès les premières pâleurs du jour un Tshirt tout doux et léger sur mes yeux, et avec mes no-tones dans les oreilles, RIEN ne me réveille sinon mon horloge intérieure…
Cette année, je n’ai jamais vu autant de sauterelles, et autant de diverses espèces. C’est étonnant. Et jamais vu aussi peu de hannetons et autres coléoptères. Inutile de dire que les chats se font des ventrées d’orthoptères de toutes tailles, sortes, couleurs… Un des deux posts suivants, je vous en montrerai une vraiment extraordinaire !!!
Dans la série « je suis arachnophobe et (du coup) je me soigne », cette année, j’ai filmé une soirée d’amours torrides entre un monsieur et une madame épeires anguleuses (faut que je monte cette vidéo), mais en attendant, voici les amants :
monsieur en plein ciel
et madame, une très très grosse dame, qui, après quelques rencontres sexuelles suspendues dans les airs et monstrueusement violentes comme ça se passe entre les araignées, s’est installée là, et n’en a plus bougé (plus de toile, rien. Je suppose qu’elle en est à un stade de la reproduction qui implique l’immobilité, mais je n’en sais pas plus…)
Par contre, pour celle-là, je vais devoir m’adresser à mon cher forum d’entomologistes fous, parce que je n’ai aucune idée de son petit nom !!! Malgré sa toute petite taille, elle a un look incroyable et je suis très contente, vu ma phobie, qu’elle ne soit pas 10 fois plus grosse !!! Et franchement, là, ça vaut la peine de cliquer SUR les photos, pour les voir en plus grand !
Et pour finir, la jeune oie pas blanche qui est devenue grande, fait des oeufs, mais comme elle est totalement ostracisée par les deux vieilles (Martina la Blanche, que je peux souvent caresser comme un chat, et l’autre grise), elle a fait son nid là, au pied de la glycine encore petite, en plein sud. Donc le matin ça va, le soir aussi, mais aux heures les plus chaudes, elle est plein pot en plein cagnard. Cela me désole. En plus, je lui mets de la laitue tous les jours, alors elle souffle (ça souffle comme les vipères) et enfile les feuilles de laitue comme éléments de son nid : donc je ne sais pas si elle se nourrit… J’hésite en fait à simplement la chasser de ce nid, enlever les oeufs, bref lui casser son coup et l’obliger à penser à autre chose pour éviter qu’elle ne meure de soif, de faim et de chaleur…
Bon, là, on a fait une petite partie du mois de mai. D’autres posts suivront, avec d’autres photos prises plus tard (j’hésite toujours entre chronologique et thématique…)
ooooh merveille que de te lire depuis ma mansarde valaisanne …. tes ciels sont fous, tes capucines sont folles, ton Roudi a la plus adorable bouille possible, tes squelettes de datura sont fous, ton scorpion est fou, ton épeire anguleuses est folle, j’imagine l’odeur du jardin, une orgie olfactive à mourir d’épuisement, tes echinopsis sont beaux et fous ( je n’en connais pas l’odeur ), tes chats sont à croquer, tes oies ont belles et folles, tes coquelicots sont fous de rouge, et cette étrange araignée pâle et poilue est folle…. c’est vrai que l’an passé en Haute Savoie, jamais vu autant de sauterelles de ma vie, comme quoi tout n’est pas mort ! ainsi que des quantités d’insectes jamais vu. Ces jours en allant à La Sage, jamais vu autant de grillons énormes de ma vie et fous bien sûr !
Donc merci merci merci pour tout cela ! e tanti baci
ici après de semaines ensoleillées et estivales, il pleut depuis hier soir et le week end à La Sage est annoncé très très frisquet, avec de la pluie neige….beurk !
Mais je me consolerai en allant voir un troupeau de yacks sur l’autre versant ! a presto sorella !
Ana
et dans toute cette folie, tu trouves à te réchauffer ?? ici, vent de sud, et très fine couche de nuages en très très haute altitude, je suppose. en tout cas, ça donne au ciel une couleur argentée très étrange, très belle aussi. un peu gris perle.
ça y est, tu as vu les yacks ?
toujours pas de nom pour cette petite araignée en proie à l’hirsutisme le plus débridé. genre thomise, mais laquelle ??? les thomises, c’est typiquement les petites araignées que tu trouves sur les fleurs, qui font du mimétisme chromatique, de jolis dessins sur l’abdomen, avec les pattes de devant très longues et un peu courbées, et qui chassent – elles font pas de toile et quand tu les regardes, elles le voient et se cachent derrière un pétale.
Quelles que puissent être les circonstances (confinement/déconfinement etc) tes photos restent une merveille à regarder yeux grands ouverts, en frissonnant parfois.
L’araignée blanche toute velue, le datura emprisonné (confiné lui aussi)…superbes découvertes. Merci pour ces instants de magie.
oh, ces cons ont détruit le datura en cage (version locale de l’amour en cage), ça faisait tellement penser à ces dômes au dessus des zinzins qui s’essaient à vivre hors temps histoire de tester les voyages interplanétaires.
pas de nom pour l’araignée blanche hyper poilue, elle restera une énigme unique un jour de printemps sur le basilic !!
merci pour ton commentaire.