Il est toujours difficile de savoir s’il vaut mieux faire envie ou faire pitié. Je vis sur le fil de la banqueroute totale, j’épuise mes dernières cartouches avant… avant je ne sais pas quoi, mais le fait est, j’ai dépensé toute ma « fortune », tout mon capital à essayer de nourrir, soigner, abriter, stériliser une grande bande de chats – et une chienne. Chez moi, c’est chez eux, mon oasis verdoyant parmi les terrasses ravagées par l’été est un vrai refuge, sans barrières, sans box, sans flicage, sans euthanasie pour les trop (trop jeunes, trop vieux, trop moches, trop déglingués, trop malades, trop nombreux). Cette maison foutraque et pleine de vie est à la fois ma fierté et ma peur.
Mon angoisse du lendemain, sueurs froides et tétanie, est adoucie par ce mois de septembre… Car l’automne ici est tout simplement parfait. Les lumières reprennent des couleurs et des ombres, les nuits fraîches et humides permettent de dormir sereinement, la rosée sur ces herbes et ces arbustes desséchés par le soleil estival les fait exhaler des odeurs enivrantes, de foin, de terre, l’air nocturne est légèrement mentholé et musqué, les insectes crissent en une symphonie magique, mystérieuse dans le silence (tant que les multiples chiens si mal traités ne se mettent pas soudain à aboyer, pendant des heures, couvrant de leurs voix malheureuses cette magie), et les journées, point trop chaudes, sans trop de vent, me donnent juste envie d’aller à ma plage préférée.
J’y suis allée quelques fois cet été, pas souvent, et juste pour l’iliovassilema, le coucher de soleil, faire l’otarie bienheureuse. Mais là, l’appel de l’eau et du soleil est irrésistible. Et bien sûr, j’emmène avec moi Alithia, ma chienne de sauvetage. Comme c’est un pointer, elle pointe, elle ne cesse de pointer, et laboure le sable et les rochers pour débusquer les innombrables lézards et seps. Elle est toujours très très busy, à Arméos. Mais soudain, elle se pique une panique si elle ne me voit pas (je passe des heures dans l’eau, avec masque, tuba et palmes!) et se jette à l’eau pour me porter secours, ou au moins vérifier où je suis. Je la vois nager en zigzag, se soulever pour me trouver, et dès qu’elle m’aperçoit, foncer vers moi pour vérifier que tout va bien. Elle me regarde, la tête tendue hors de l’eau, l’air de dire : « Bon, maintenant, ça suffit, tu retournes sur la terre ferme, nom d’un chien ! ». Maintenant que j’ai acheté des palmes, je peux commencer à foncer à côté d’elle, et j’obéis sagement (pour repartir tout de suite après, l’eau est TROP bonne !).
Hier, mon ami Derek m’a prise en photo…
Et là, je pense que je fais vraiment envie…
j’crois bien que t’es pas prête, avant longtemps (jamais ?) de quitter ton île…
c’est pas forcément une mauvaise nouvelle, d’ailleurs.
le bonheur, c’est plein de ces petits moments.
Ah, la mer, au doux soleil … c’est beau comme du Trenet
(et puis j’ai trop la nostalgie d’Indy, à la Pointe rouge)
Ton écriture m’émerveille à chaque fois, merci pour ça. Et profite bien, ici il fait très doux mais très gris ce weekend.
Comme c’est agréable de vous accompagner toutes les deux à la plage… comme cette eau est bleue, comparée à celle qui est à 50 m ;o(. Je souhaite que cet automne vous soit doux à tous, chats, chienne et humaine de Syros… et qu’il soit annonciateur de nouvelles positives pour l’avenir.
Cette plage déserte, le pied.
Zoz, tu es une Robinsonne.
On dirait le monde avant l’apparition de l’homme …
merci les chéris pour vos commentaires ! randal : c’est vrai, je ne sais pas, le jour où je pourrai partir, si je partirai. mais que les arbres me manquent, et aussi la compagnie des amiEs. je crois que ce serait plus facile à vivre si je pouvais au moins poser les plaques de temps en temps. alain : paraît que la semaine prochaine sera pluvieuse… ici aussi, ça finit par finir…clo : toi la voyageuse, venir une fois, non ? gavrochounette : surtout cette plage-là. j’y suis allée aujourd’hui, samedi, c’est à 5′ de galissas, on pourrait imaginer une petite foule. ben non, alithia, derek, un couple de français, un grec nageur au long cours et moi. la mer de septembre est parfaite. et goger dans la flotte masque sur la tête, le haut vers le soleil, le bas vers la mer, c’est l’extase…
Votre écriture est magique, merveilleuse, même dans les commentaires, je viens franchement d’en avoir le coup de foudre…