Il y a une dizaine de jours, j’ai accompli 59 ans, je vais vers les 60 ans. Inutile de dire que le bilan est lourd : à mon âge, grande fille pourtant, j’en suis encore à vivre de bonté, solidarité, charité, gentillesse publiques. Et mon âme est partagée entre un sentiment d’humiliation et d’impuissance pénible, et la reconnaissance infinie pour chacune et chacun d’entre vous qui m’aidez par vos actions, vos dons et vos messages de toutes sortes, à tenir le coup pendant cette période si difficile.
Jour de mon anniversaire : le mieux était d’aller avec Alithia, faire la phoquesse à palmes, masque et tuba. Un auto-portrait sur le chemin escarpé qui fait le long de la mer le tour de la colline séparant la plage chérie du village de Galissas.
La veille de mon nanni, mon amie Claude de l’île en face est venue sur Syros, et chez moi, et je me suis rendu compte à cette occasion à quel point j’ai violemment besoin de gens bienveillants venant sur mon territoire témoigner de ma vie. Ego surdimensionné, ou simplement besoin d’opérer à travers leurs yeux, leurs photos, ou juste leurs feed-backs, et aussi la discussion et/ou la balade qui accompagnent ces moments rares et précieux, une mise à distance nécessaire pour ne pas avoir l’impression d’être dingue, ou de devenir dingue.
Les seules autres personnes venues me voir cette année sont Olivia et Marcus, de très chers amis-de-l’été anglais, passés en fin de journée, et qui ont pu faire avec moi la « balade du soir ». Je suis vraiment très contente d’avoir pu emmener mes amis faire ce petit tour tellement marrant, car tout le monde n’a pas l’occasion de faire une promenade sous les étoiles accompagné de 40 ou 50 chats + une chienne…
Ces balades nocturnes sont hélas in-filmables, in-photographiables : quand le crépuscule est bien avancé (pas envie d’être vus depuis le village proprement dit qui est sur l’autre versant de la vallée), quelques sifflements très incitateurs et excitants pour une bande de chats ayant roupillé toute la journée annoncent aux bêtes que l’heure de la promenade est arrivée. Alithia démarre au quart de tour, et les uns après les autres, les chats me rejoignent sur le champ au-dessus de la maison. Tous les chats ne viennent pas, il y a des super gros flemmards, et les chats harets, que j’appelle les « chats de dehors », ne viennent pour ainsi dire jamais (d’ailleurs, c’est un test : quand un chat de dehors suit la troupe, c’est qu’il est mûr pour une petite domestication qui s’achève en général par une stérilisation et dodo entre mes jambes!).
La nuit bruisse de chants de grillons, fleure bon les éteules cramées et la terre desséchée, parfois un souffle de vent (mais en été le plus souvent la nuit est immobile), et ensemble, chats, chienne et humain, on part faire le tour des trois vastes terrasses qui surplombent la maison. La chienne reste truffe au sol et fait 50 fois la distance que je parcours, les chats jouent à chat perché et saute-mouton, se bagarrent un peu, et surtout courent comme des dératés. Méli vient toujours, mais elle miaule comme une âme en peine et se contente de suivre en faisant des S dans mes pattes. Au fur et à mesure de la balade, la plupart des chats s’arrête en route, et s’installe pour la nuit (faut les boucler, ces 17 heures de sommeil par jour !). En général, le retour à la maison se fait avec juste une poignée de chats, les petits malins qui savent que, après l’exercice, vient la gâterie, dans un grand plat une boîte de lait diluée dans l’eau : ils boivent en étoile autour du récipient jusqu’à plus soif. Et eux aussi disparaissent ensuite pour aller vivre (ou dormir) leur vie de chats.
Echo mourant de l’été … C’est comme ça qu’on comprend qu’il a pris fin: au nombre, chaque nuit croissant, de chats restant dormir dedans, hors sol, hors vent, hors rosée, hors fraîcheur – et si possible sur MON lit.
Quelle beauté et quelle tendresse, dans ce texte à la fois poétique et philosophique… On vit cette promenade avec toi, ma Sylvie… On sent même le petit souffle de vent sur le haut du bras… presque on frissonnerait… Que j’aimerais être cette « visiteuse » de plus… Ah cette sacro-sainte distance, ah l’argent qui manque, ça m’escagasse comme diraient les provençaux ! Ta solitude me pèse… Quand on aime bien quelqu’un, c’est toujours douloureux de le sentir un peu mal…
Pour aborder un autre sujet… tu nous faisais croire que tu étais une vieille chose finie et trainante… mais quelle idée ! Je te trouve magnifique ! Tu as un joli visage, plein de profondeur, un sourire épanoui et une dégaine de jeunette…
Enfin, une autre chose… Écris, écris un livre, raconte ton histoire, tu écris à merveille, quelques petits extraits et on reste déjà en haleine… Alors, un livre tout entier… Tu devrais partir de ton départ pour la Grèce jusqu’à maintenant, avec de petits flash-back sur ta vie d’avant, ton enfance… Ce serait une merveilleuse histoire… Je verrais bien un film aussi… mi-documentaire, mi-film… Ta vie peut paraitre sombre, mais elle est jolie… attachante… Moi, j’adore !
Bon anniversaire, ma Sylvie, je t’offre toutes mes étoiles : qu’elles protègent les tiennes !
merci brigitte pour ton commentaire. je suis bien d’ac avec toi, bouquin, « documentaire » vidéo. mais bon, faut faire !! j’ai l’impression de passer mon temps à résoudre le plus urgent, et j’ai du mal à trouver l’énergie de « faire ». mais tu as farpaitement raison ma chère !
Un cadeau pour toi, Ô Majesté. Hier soir, ce sms de ma nièce, bénévole au refuge du Villevaudé : « La minette est en pleine forme, stérilisée et désormais en semi-liberté. Ses 5 minous sont toujours plus ou moins sous surveillance mais se portent bien ! »
Tu ne me croiras peut-être pas mais tu n’y es pas pour rien dans ce modeste « sauvetage ».
Tendres et affectueux baisers.
JL/M
ah oui, c’est une histoire qui finit joliment. mais tu as beaucoup investi pour qu’elle finisse bien. je sais à quel point cela implique un effort, à tous niveaux, pour trouver une solution, et à quel point c’est tellement facile de laisser filer, de ne pas voir, de refuser de se mouiller. bravo, je partage volontiers mon trône avec toi car toi aussi tu as droit à la couronne ! (ou l’auréole ?)
Ah, enfin… tes petites chroniques si finement écrites me manquaient… enfin, l’automne revenu, tu as repris le collier ! C’est vrai, tu devrais écrire, sur ta vie, tes choix, tes chats. Tu le fais ici mais je pense comme Brigitte ci-dessus…
Au fait, ça va être l’anniversaire d’une autre Brigitte, de la fondation qui t’a aidée… Certes, elle semble avoir toujours les mêmes idées politiques, mais elle semble aussi avoir toujours ce même amour des animaux…
Bon, j’dis ça… je ne sais pas pourquoi ;o)…
tu dis ça parce que tu connais très bien ma situation ! oui, si les tempêtes me laissent un peu de connexion entre deux éclairs, je vais reprendre un peu mes écritures blogesques. quant au bouquin, oui oui, c’est vrai. et le documentaire aussi (auquel je crois plus d’ailleurs que le bouquin)
la Brigitte du dessus dit très bien ce qu’on ressent à te lire… et ses propositions, pas mal d’entre nous les avions (évidemment) aussi formulé !
l’autre B., sauf dans sa période avec A.B.D., elle a presque toujours été mal accompagnée, hélas !
mais c’est, au fond, une chic fille et ça, à 80 balais, il faut l’faire …
merci randalounet ! tu sais quoi ? je pense que les animaux se réjouissent (si je puis faire cette incursion dans un anthropomorphisme bébête) que des gens s’occupent d’eux, et se foutent totalement de leurs rides, de leurs opinions, de leurs dingueries… quant à docu et bouquin… j’essaie de comprendre pourquoi je procrastine pareillement… je te donne la réponse dès que je l’ai !! ;-)
On dit pas un autoportrait mais un selfie, tu vieillis! ;)
Merci pour ces nouvelles de fin de l’été.
merci mon pow, chouette de te voir ici !! mais c’est pas un selfie avec un vrai appareil photo, non ? et puis non, j’aime pas ce mot. et certes, je prends de l’âge à une vitesse dingue, un jour par jour ! terrible. et aujourd’hui, c’est même plus fin de l’été mais carrément automne triomphant ! 16°, il pleut et il y a du vent… un vrai pensum, les cyclades, ce 27 septembre.
happy birthday Sylvie x See you next year.
thank you marcus !!! see you next year, YES, you and olivia. XXX
Quel grand plaisir de vous lire à nouveau ! Je pensais justement que ça faisait bien longtemps……
La photo est TRES belle ! Merci de nous envoyer votre beau sourire !
Très belle évocation de votre univers, comme toujours….Je partage ce que vous disent vos amis : vous devriez écrire un livre avec textes et photos….
Vous aimez qu’on vous rende visite, même si vous ne connaissez pas les personnes « en vrai » ? J’y avais pensé mais ce n’était pas possible cette année…et je ne voudrais pas être importune !
Comment vont tous les minous ? Les « petits » doivent être autonomes maintenant….
Plein de bonnes pensées,
Catherine
c’est bien, écrire sur mon blog me permet à moi aussi de lire les commentaires de mes amiEs ! bonjour donc catherine, contente à mon tour de vous lire.
oui, j’aime qu’on me rendre visite (mais je ne peux pas accueillir, hélas) parce que c’est une manière de rendre « objectif » ce que je vis. un peu comme j’aime faire visiter des lieux auxquels je suis tellement habituée que je ne les vois plus : un oeil extérieur permet de re-voir et regarder les choses. je me rappelle mon mari crétois pour la première fois de sa vie en haute montagne avec 2 mètres de neige, son enthousiasme, son plaisir à se rouler dans la neige, à faire crisser ses chaussures (vous savez, ce délicieux crouïtch crouïtch de la semelle sur la neige tassée !), à avoir froid au nez, à faire de la luge, des choses qui me semblaient banales et qui, à travers son oeil et son plaisir, se rappelaient à moi comme autant de miracles de beauté et de joies à partager. ben j’ai besoin de ça ici. parce que je suis pas mal usée…
oui, les petits sont autonomes. par contre ils ont tous une forme légère de coryza, et je vais devoir faire quelque chose. j’ai trouvé sur le net quelques pistes : un antibiotique (amoxicilline) à injecter (j’ai totalement renoncé à donner des cachets) et de la lysine comme aide contre le virus. je vais aller draguer ma somptueuse pharmacienne pour qu’elle essaie de me trouver ça.